Après avoir laissé des milliers de passagers en rade sur les lignes de trains de banlieue de Dorion/Rigaud et de Blainville/Saint-Jérôme, lundi matin, à la suite de bris mécaniques, l'Agence métropolitaine de transport fait maintenant face à la fronde des usagers de la ligne Deux-Montagnes, irrités par l'entrée en vigueur des nouveaux horaires des trains.

En quelques jours, la semaine dernière, une résidante de Roxboro, dans l'ouest de l'île de Montréal, Ania Kazi, a recueilli les signatures de plus 860 personnes pour exiger par pétition le maintien du seul départ quotidien du train, à partir de Roxboro, où elle pouvait monter avec son enfant de 4 ans.

 

La réaction de totale indifférence de l'Agence l'a aussi incitée à créer une adresse courriel (vosplaintes@gmail.com) pour recueillir les commentaires des usagers d'autres trains ou d'autres départs de sa ligne, et révéler l'ampleur d'un mécontentement que plusieurs usagers, joints par La Presse, ont qualifié hier de «palpable».

«Tous les matins, raconte Sylvain Cartier, un usager qui prend le train à la station Du Ruisseau, le chef de train nous demande de bien vouloir nous compacter vers le milieu du wagon. Les passagers se regardent...On ne peut même plus bouger! Tu tournes la tête et tu te retrouves le nez dans la face du voisin ou dans les cheveux de la voisine.»

À trois reprises depuis l'automne, dit-il, «j'ai manqué ma station parce que je n'ai pas réussi à me frayer un chemin jusqu'à la porte, avant que le train reparte».

Et selon Stéphane Crevier, un autre usager de la station Du Ruisseau, les nouveaux horaires implantés depuis lundi par l'AMT, dans le cadre des mesures d'améliorations des services annoncées depuis l'automne, ont encore empiré la situation sur certains départs, au coeur de l'heure de pointe.

«Le pire changement, affirme-t-il, c'est la disparition du train de 7 h, à Du Ruisseau (qui partait à 6 h 35 de Deux-Montagnes). Son absence crée un trou de 40 minutes dans l'horaire. Quand le train suivant part de Deux-Montagnes, à 7 h, il se remplit dans le temps de le dire, et quand il arrive à ma station à 7 h 25, il est complètement bondé.»

Hier matin, M. Crevier a fait le trajet debout dans les marches très étroites qui permettent de monter dans le train. Comme il n'y avait pas moyen de se tenir après quoi que ce soit, «j'étais appuyé dans la porte. Si elle avait ouvert de façon imprévue, je tombais sur la voie.»

Voitures à deux étages attendues

À l'AMT, la porte-parole, Martine Rouette, affirme que l'agence provinciale qui gère les trains de banlieue de la métropole est bien consciente des problèmes du manque de place sur ces cinq lignes de train, qui fonctionnent presque toutes à pleine capacité. La mise en place de nouveaux horaires, et la création de deux nouveaux départs sur la ligne de Deux-Montagnes, visent à soulager les usagers le plus possible, en attendant la livraison de nouvelles voitures à deux étages, promises pour septembre prochain.

Mme Rouette a reconnu que lundi, en plus d'une locomotive en panne sur la ligne de Dorion/Rigaud, et des problèmes de portes qui ne s'ouvraient pas sur la ligne de Blainville/Saint-Jérôme, le service a aussi été retardé de plus d'une demi-heure sur le départ de 7 h de la ligne Delson-Candiac, sur la Rive-Sud. Il s'agit du départ le plus achalandé de la ligne. Il était en retard de plus de 30 minutes, lundi matin.

En décembre dernier, l'AMT avait décalé ce départ à 7 h 10. Les passagers ont été unanimes à réclamer son rétablissement à 7 h, par voie de pétition. L'AMT a immédiatement rétabli l'horaire d'origine.

Malgré les 860 noms de la pétition de Mme Kazi pour le rétablissement du train de Roxboro, Mme Rouette n'a indiqué aucune volonté de changement de la part de l'AMT. La porte-parole a estimé que les passagers étaient déçus, «parce qu'ils ne peuvent plus avoir de places assises dans le train».

Mme Kazi estime «méprisante» cette attitude de l'AMT. Quand la pétition de 864 signatures a été déposée lundi matin aux bureaux de l'AMT, Mme Kazi a demandé à voir le président de l'agence Joël Gauthier. Impossible. Son adjointe? Impossible aussi. Était-il possible de prendre un rendez-vous avec l'un ou l'autre? Non.

Même sur le train de nuit, les passagers sont inquiets. Francis Harper, qui travaille le soir à Montréal, et qui habite les Laurentides, affirme que l'atmosphère était fébrile dans le train à l'approche du changement d'horaire qui a fait passer le dernier départ de minuit 30, à minuit 15.

«Les gens qui travaillent dans les hôpitaux, les employés du Centre Bell et d'autres, que je vois tous les soirs, n'auront plus le temps de se rendre à la Gare centrale pour prendre leur train. Qu'est-ce que tu fais sur un quai de gare, passé minuit, le soir?