Le fait que la construction du Centre communautaire intergénérationnel (CCI) d'Outremont ait coûté près de deux fois plus que prévu a de nouveau fait rager la population, ce lundi soir, lors du conseil d'arrondissement.

Trois semaines après la sortie du rapport de la société KPMG sur les circonstances de la réalisation du CCI, des citoyens ont posé maintes questions sur le sujet, notamment sur le rôle qu'ont joué quatre des cinq élus actuels d'Outremont tout le long de ce dossier.

Le rapport fait état du fait que l'ex-maire d'Outremont, Stéphane Harbour, et son directeur d'arrondissement, Yves Mailhot, avaient «fait en sorte qu'un écran s'installe entre le conseil d'arrondissement et les intervenants impliqués dans la réalisation et le financement du CCI», qui aura coûté finalement 11,4 millions au lieu des 6,6 millions prévus initialement.

Le directeur d'Outremont responsable de la réalisation du CCI, Pierre A. Chapuis, est toujours à l'emploi de l'arrondissement, au poste de directeur de l'aménagement urbain.

Des citoyens ont demandé comment les conseillers Claude Piquette, Ana Nunes, Louis Moffatt et la mairesse actuelle Marie Cinq-Mars avaient pu voter régulièrement en faveur de ce projet sans poser de questions.

Le citoyen Marc Poulin a affirmé que la conseillère Nunes lui avait à l'époque «vanté le contrôle budgétaire» de ce dossier et que la mairesse devrait demander sa démission tout comme celle de Claude Piquette, le conseiller responsable des finances de l'arrondissement.

Mme Cinq-Mars a répondu qu'il n'en était pas question, que les conseillers avaient posé des questions et que le rapport de KPMG «ne parle pas de magouille».

L'enquête faite par KPMG devait porter sur «l'ensemble du projet du CCI». Cette firme n'a pas rencontré le directeur Mailhot ni même l'ex-maire Harbour ou son conseiller Jean-Claude Patenaude dans le cadre de son audit. Une enquête de la Sûreté du Québec est toutefois en cours mais La Presse a appris que la police n'a encore rencontré ni M. Harbour ni M. Mailhot ni M. Patenaude.

Le citoyen Jean-Marc Corbeil a ensuite fait remarquer que l'ex-maire Harbour avait vanté ce projet tout au long des années de sa réalisation, même si des citoyens venaient au micro pour poser des questions sur les augmentations régulières de son coût et ce, avant même que la firme Dessau-Soprin ne demande 2,8 millions supplémentaires aux 9,8 millions qu'elle avait touchés.

«M. Harbour avait fait ces déclarations au nom du conseil et le conseil à l'époque c'était vous, a-t-il lancé. Allez-vous vous amender sur le coût final du CCI?» Mme Cinq-Mars a répété qu'elle n'avait pas à «justifier les gestes du maire précédent» et que la résolution du litige avec Dessau-Soprin pour 720 000 $ (sans taxes), était une «heureuse» nouvelle.

Plutôt que de contracter un emprunt supplémentaire pour financer ces 720 000 $, augmentant alors la dette de l'arrondissement, l'administration d'Outremont a choisi de diminuer ses investissements dans le cadre du programme triennal d'immobilisation d'une somme équivalente.

Par ailleurs, on a appris que si un comité ad hoc avait été créé pour faire le suivi de toute les étapes de la réalisation du CCI... il n'a jamais siégé, a révélé celui qui devait le présider, le conseiller Piquette.

Finalement, la citoyenne Céline Forget a demandé quelle part devront finalement assumer les contribuables d'Outremont dans le coût de réalisation du CCI. Le directeur de l'arrondissement, Pierre Beaudet, a répondu «40%».

«On s'est carrément fait avoir à l'époque, a ensuite dit Mme Forget à La Presse. On nous avait refusé la signature d'un registre, obligatoire dès que le financement local dépasse 25%. Et là, ce soir, on nous dit que c'est 40%. Incroyable. C'était illégal. On aurait bloqué le projet...»