Le Café Minos a beau être fermé depuis sept mois, il fait encore parler de lui devant la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ). C'est que le propriétaire de cet ancien petit bar du quartier Villeray, John Polyrakis, vient de se voir interdire de solliciter tout autre permis d'établissement pour au moins un an. Fait rare, le jugement a été rendu in absentia.

Dans le milieu des bars depuis 1999, Polyrakis semble avoir réussi le tour de force de garder ouvert quasi continuellement le Café Minos à l'aide «d'autorisations d'exploitation temporaire». Depuis l'automne 2000, pas moins de 19 titres du genre ont été délivrés à la suite de cinq demandes de permis qui se sont conclues par des désistements dans quatre cas et un refus par la Régie.

 

Après avoir obtenu quatre certificats temporaires, une femme de 53 ans a avoué à la police qu'elle avait agi à titre de prête-nom. Elle a fait cette confidence à l'agente Lucie Noël quand celle-ci l'a informée l'an dernier qu'elle devrait répondre devant la RACJ de la piètre réputation de ce débit de boissons situé dans le sous-sol d'un immeuble de la rue Saint-Roch. Selon la policière, le Café Minos «a toujours été un établissement à problème, surtout pour le trafic de stupéfiants et autres délits».

En 2005, des employés ont même été accusés et condamnés pour trafic de stupéfiants et possession d'armes. Lors d'une descente, dans la nuit du 27 septembre 2007, les policiers ont mis fin à une partie de débauche impliquant deux jeunes prostituées, dont une mineure de 16 ans. D'après le sergent André Thibodeau, qui a témoigné devant la RACJ, une quinzaine de personnes se trouvaient dans l'établissement. Les deux prostituées s'affairaient derrière un rideau en compagnie de six hommes. Sur une table, il y avait des verres remplis d'alcool et des condoms traînaient sur le sol.

Au moment de l'arrivée surprise des policiers, deux autres prostituées de 44 et 20 ans s'apprêtaient à quitter les lieux en compagnie du chauffeur d'une agence d'escortes. Le gérant du Café Minos, Jaime Pereira, aurait dit aux policiers que ce sont les clients qui avaient appelé les jeunes femmes. Il a aussi confirmé qu'il y avait eu des rapports sexuels en groupe derrière le rideau.

Au fil des années, les policiers y ont aussi constaté des infractions répétées à la réglementation: service après les heures de fermeture, bouteilles d'alcool de remplissage ou de provenances interdites ou encore ne portant pas les timbres de la SAQ, etc. Outre d'être écarté du «décor» pour un an, Polyrakis a vu son permis d'exploitant d'appareils de loterie vidéo révoqué. Dorénavant, il faudra montrer patte blanche pour rouvrir un bar au 440a de la rue Saint-Roch. L'endroit est sur une liste noire de la Régie pour au moins six mois.