Le projet du maire Benoit Labonté d'offrir des parcomètres au rabais au centre-ville durant le temps des Fêtes est mort et enterré. Minoritaire au conseil d'arrondissement de Ville-Marie, le maire a vu sa proposition battue, hier matin, lors d'une assemblée mouvementée.

Durant près d'une heure, le maire Labonté, de Vision Montréal, a subi la fronde de trois membres du conseil sur cinq qui ont malmené plusieurs de ses propositions. Chaque fois, les deux conseillers d'Union Montréal, Sammy Forcillo et Catherine Sévigny, ont reçu l'appui du conseiller indépendant et démissionnaire de Vision Montréal, Pierre Mainville.

Celui-ci a précisé en entrevue après l'assemblée qu'il n'y a pas de coalition formelle avec ses collègues d'Union Montréal «pour l'instant».

En ce qui concerne les tarifs des parcomètres, le maire Labonté avait déjà tenté de proposer la gratuité totale sur le territoire de Ville-Marie du 20 au 28 novembre. L'administration centrale de Montréal, de qui relèvent les principales artères, avait rejeté l'idée d'un revers de main. M. Labonté est revenu à la charge en proposant un tarif de 25¢ l'heure sur les rues locales, sous la juridiction de l'arrondissement.

Proche du maire Tremblay et responsable des finances au comité exécutif de la Ville, le conseiller Forcillo s'est opposé. «Ça va aller à l'encontre de créer un développement économique. Les gens vont se stationner là, ils vont faire de l'immobilisme. Comment vont-ils comprendre que ça va coûter 3$ l'heure sur Sainte-Catherine et 25¢ sur les rues de côté? Il faut une certaine cohésion et de la cohérence sur les messages qu'on lance.»

Visiblement agacé, le maire Labonté - qui a lui aussi siégé au comité exécutif avant sa rupture avec le maire Tremblay, en septembre 2007 - a rappelé que M. Forcillo avait lui-même déjà proposé un projet semblable. «Parlant de cohérence, on a eu ce débat-là il y a quelques années et vous aviez insisté pour que le tarif sur les rues Ontario et Amherst soit à un dollar, contrairement à trois dollars. On ne peut pas tenir deux discours.»

Sans colonne et sans coeur...

Des subventions de 50 000$ à la Mission Bon accueil et au Comité logement Centre-Sud ont ainsi été ramenées à 10 000$, contre l'avis du maire. L'appui financier de 120 000$ à Équiterre, pour sa Maison du développement durable, a été ramené à 20 000$. Prétextant un manque d'information, les deux conseillers d'Union Montréal et leur allié indépendant ont demandé le report du débat sur ces subventions à la prochaine assemblée, en février 2009.

«On est face à une administration inflexible, a laissé tomber le maire Labonté. Je savais que cette administration n'avait pas de colonne, je sais maintenant qu'elle n'a pas de coeur.»

Touché, le conseiller Forcillo a rétorqué d'une voix vibrante: «Je sais que vous êtes un homme qui parle beaucoup, qui aime discuter, et vous ne discutez jamais avec moi. Je me considère un bon ami à vous. Vous nous ignorez totalement, vous ne me demandez jamais, jamais, mon point de vue.»

Même la nomination du maire suppléant pour le début de 2009 a été l'objet d'anicroche. Le maire Labonté souhaitait imposer son collègue de Vision Montréal, Karim Boulos, comme il était mentionné dans la proposition initiale. Sammy Forcillo a tenté d'obtenir un amendement en plaçant plutôt sa collègue Catherine Sévigny. Après une bataille de règlements, la nomination provisoire de Mme Sévigny a été confirmée en attendant que les avocats de la Ville se prononcent sur la légalité de l'amendement.

Col bleu congédié

Les conseillers se sont cependant tous entendus pour voter le congédiement du col bleu surpris une bière la main alors qu'il conduisait une souffleuse, le 14 décembre dernier. C'est un citoyen qui l'a aperçu vers midi trente et qui a alerté les policiers. Ceux-ci lui ont fait subir l'alcootest: son taux ne dépassait pas la limite légale, puisqu'il en était à sa première bière de la journée.

L'homme de 58 ans a admis les faits et n'a présenté aucune circonstance atténuante. «Cette infraction porte atteinte à la réputation de l'organisation, écrit-on dans le sommaire décisionnel. L'enquête a démontré que (ce col bleu) avait planifié son geste et qu'il était en parfait contrôle de ses moyens.» En vertu de ses années de service, le col bleu a tout de même droit à une pleine retraite.