Montréal et les municipalités de banlieue réclament des transferts totalisant 12,5 millions en provenance de l'Agence métropolitaine de transport (AMT), pour les aider à financer les améliorations prévues aux services de transports en commun de la région.

Selon des documents obtenus par La Presse, les municipalités exigent que l'agence gouvernementale revienne sur sa décision «inéquitable» de plafonner le montant des subventions aux sociétés de transport locales, dans son budget de dépenses de 2009. Le «déplafonnement» de ces subventions, à la demande des municipalités, créerait un trou de 9,9 millions dans le budget 2009 de l'AMT.

 

Les municipalités réclament aussi des compensations de 2,6 millions pour les coûts qu'elles devront encourir, en raison de l'amélioration des services sur les trains de banlieue de l'AMT, annoncée peu avant le déclenchement des élections par la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet.

À moins d'acquiescer à ces conditions, présentées la semaine dernière au sous-ministre des Transports, Denys Jean, les municipalités réunies au sein de la Communauté métropolitaine de Montréal pourraient désavouer le budget 2009 de cette agence gouvernementale lors de la prochaine assemblée des élus de la métropole, prévue le 11 décembre.

Un conflit qui couve

Le conflit entre les municipalités (Montréal et Longueuil, en particulier) et l'agence gouvernementale, responsable du réseau des trains de banlieue et du développement des transports en commun métropolitains, couve maintenant depuis des mois.

Il y a deux semaines, le gouvernement du Québec, en pleine campagne électorale, a discrètement mandaté le sous-ministre des Transports Denys Jean pour rapprocher les parties, et permettre l'adoption d'un budget de dépenses qui ferait consensus dans la métropole.

Cette intervention faisait suite aux dures critiques formulées à l'endroit de l'Agence, dans une lettre signée conjointement par les directeurs généraux de la Ville de Montréal et de la Société de transport de Montréal (STM), dénonçant les choix budgétaires de l'AMT «qui ne reflètent aucun effort de rationalisation (de la part de l'agence) pour atténuer la pression financière sur les municipalités et les organismes de transport».

Manque à gagner

Ces choix budgétaires, qui prévoient notamment le plafonnement de l'aide métropolitaine versée aux sociétés de transport par l'AMT, se traduiraient, dès l'an prochain, par un manque à gagner de 5 millions pour la STM, et ce, seulement pour le fonctionnement du métro.

M. Jean a rencontré les dirigeants de l'AMT, la semaine dernière. Le sous-ministre a aussi confirmé, dans un bref entretien accordé à La Presse, qu'il a pris connaissance des propositions présentées par les municipalités, par le biais de la CMM, pour dénouer l'imbroglio qui persiste autour du budget de dépenses 2009 de l'AMT, qui relève de la ministre des Transports du Québec. M. Jean a refusé de commenter ces propositions, se disant bien conscient de l'échéance du vote des élus de la CMM, prévu à l'ordre du jour de la prochaine séance du conseil de cet organisme supramunicipal régional.

Selon les documents obtenus par La Presse, les municipalités demandent ainsi que les subventions d'«aide métropolitaine», qui financent en partie le coût de fonctionnement du métro, les tarifs réduits aux étudiants, et le rabattement de services d'autobus vers les gares des trains de banlieue, soient augmentées à la hauteur de 77,2 millions pour 2009. Une différence de 9,9 millions par rapport aux montants de 67,3 millions actuellement prévus au budget de l'AMT.

Les municipalités réclament aussi qu'une partie des subventions versées à l'AMT par le gouvernement du Québec, pour financer les nouveaux services de trains de banlieue prévus en janvier, soit transformée en «ristourne» pour aider les villes desservies à éponger les factures qui en découleront.

Navettes « de luxe «

Les municipalités demandent enfin que l'AMT retire de son budget de 2009 les deux projets de navettes express «de luxe» que l'agence a tenté d'inaugurer, en septembre dernier, malgré l'opposition des villes de Montréal et de Longueuil.

Ces services de navettes reliant Vaudreuil-Dorion au terminus Côte-Vertu, dans l'ouest de Montréal, d'une part, et l'Île-des-Soeurs à la Rive-Sud, d'autre part, sont présentement assurés par des transporteurs publics par ordre de la ministre des Transports, même si l'AMT en avait d'abord confié l'exploitation par contrat à une entreprise privée.