La décision de l'arrondissement de Ville-Marie de rendre gratuits les parcomètres du 23 au 26 décembre risque d'avoir un effet contre-productif, affirme le président de Stationnement de Montréal, Roger Plamondon. Faute de pouvoir trouver une place, les banlieusards risquent de déserter les magasins du centre-ville.

«C'est une bonne idée de vouloir attirer plus de gens au centre-ville, mais les parcomètres gratuits, ce n'est pas la bonne manière d'atteindre l'objectif», a expliqué M. Plamondon en entrevue avec La Presse. «Pour maximiser l'affluence, il faut que les automobilistes trouvent rapidement une place. Et pour qu'ils trouvent rapidement une place, il faut que les tarifs de stationnement sur rue soient assez élevés pour que les gens qui stationnent toute la journée aillent dans les stationnements payants.»

L'analyse de M. Plamondon est confirmée par Donald Shoup, un urbaniste de l'Université de Californie à Los Angeles qui a publié en 2005 un livre qui a marqué son domaine d'étude, The High Cost of Free Parking. «Les parcomètres gratuits avant Noël sont très courants dans les villes américaines. Mais année après année, on se rend compte que les places les plus proches des magasins sont occupées par leurs employés, et que des gens qui normalement iraient dans des stationnements de moyenne durée, par exemple ceux qui vont au cinéma ou au musée, monopolisent plusieurs places. Les gens qui veulent passer une heure ou deux à magasiner pour Noël ont souvent plus de difficulté qu'à l'habitude pour se trouver une place.»

De plus, les parcomètres gratuits ou trop peu coûteux exacerbent les bouchons. «Quand le stationnement sur rue est gratuit ou presque, un automobiliste sur trois dans les zones commerciales est une personne qui cherche une place, dit M. Shoup. En d'autres mots, si les gens ne trouvent pas facilement, le trafic augmente de moitié.»

Toutes les études le démontrent, selon M. Shoup: l'idéal, pour maximiser les revenus des commerces, est d'avoir un grand nombre de clients qui viennent pour une courte durée. «Si une personne vient magasiner et trouve une place gratuite, elle va parfois rester trois, quatre, six heures. Et elle ne dépensera pas nécessairement trois, quatre ou six fois plus qu'une personne qui reste pour une heure.»

N'existe-t-il pas des personnes qui sont allergiques à payer pour se stationner? «Oui, certainement, dit M. Shoup. Mais est-ce que les commerçants du centre-ville veulent absolument attirer des gens trop pingres pour payer leur place de stationnement? Ne pensez-vous pas que les gens qui acceptent de payer sont aussi ceux qui dépensent le plus quand ils magasinent?