Le conseil d'administration du cégep du Vieux Montréal a décidé, hier soir, d'amorcer la procédure de résiliation du mandat de Francine Sénécal en tant que directrice générale du cégep, à la suite de la controverse entourant la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM), dirigée par son conjoint, Martial Fillion.

Le cégep avait choisi Mme Sénécal comme directrice générale le 1er octobre. Celle-ci démissionnait alors de son poste de vice-présidente du comité exécutif de la Ville, tout en restant conseillère municipale.

 

Le 10 octobre, à la suite de la publication d'un article dans La Presse, la SHDM a décidé de suspendre M. Fillion de ses fonctions, le temps de compléter une vérification sur ses agissements. Les vérificateurs veulent entre autres savoir si M. Fillion a octroyé des avantages indus à Construction Frank Catania, qui construit des condos sur un ancien terrain de la Ville avec l'aide de la SHDM.

L'année dernière, le comité exécutif de la Ville avait décidé de céder ce terrain à la SHDM, lors d'une réunion à laquelle assistait Mme Sénécal. La SHDM a ensuite vendu le terrain à Catania.

Lorsqu'il a pris connaissance de la controverse, le conseil d'administration du cégep du Vieux Montréal a formé un sous-comité «pour procéder à l'examen de la situation soulevée à la suite de la publication dans La Presse d'allégations d'irrégularités à la SHDM». Ce sous-comité a remis son rapport hier soir, et le conseil d'administration du cégep a décidé à l'unanimité d'amorcer la procédure de résiliation du mandat de Mme Sénécal en tant que directrice générale.

«Le sous-comité a constaté que le climat s'est détérioré au point où la confiance de la communauté à l'endroit de Mme Sénécal n'existe plus, a indiqué Gérald Lizée, président du conseil d'administration. Il ne semble pas possible de rétablir ce lien de confiance essentiel à l'exercice de la fonction pour laquelle elle a été nommée.»

Mme Sénécal a signé une déclaration à l'intention du sous-comité et lui a remis quelques documents, dont une lettre envoyée à La Presse le 16 octobre. Dans cette lettre, son procureur affirme que «lorsque la confirmation de sa nomination à titre de directrice générale du cégep a eu lieu, le 1er octobre, Mme Sénécal a immédiatement démissionné comme vice-présidente du comité exécutif (de la Ville) à la demande du cégep.»

Me François Houde, avocat du cégep, a dit hier soir au conseil d'administration que le cégep n'avait pas demandé à Mme Sénécal de démissionner immédiatement de son poste de vice-présidente du comité exécutif. Le cégep lui avait demandé d'abandonner tous ses autres emplois lorsqu'elle entrerait en fonction, en janvier, mais pas d'ici là.

Mme Sénécal, que La Presse n'a pu joindre hier soir, a remis deux autres lettres au sous-comité, affirmant qu'elle ne s'était jamais placée en situation réelle ou apparente de conflit d'intérêts. La première lettre est signée par Robert Cassius de Linval, directeur des affaires corporatives de la Ville; la seconde a été écrite, toujours à sa demande, par Me Jean Hétu, un avocat spécialisé en droit municipal.

Les organisations représentant les élèves, les enseignants, les cadres et les employés du cégep ont toutes recommandé que la nomination de Mme Sénécal soit suspendue. Conformément à la loi, la décision finale sera prise lors d'une prochaine assemblée du conseil d'administration.