Dans un discours enflammé, à l'ouverture d'un colloque sur la Communauté métropolitaine de Montréal, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a plaidé en faveur de la mise en place de péages régionaux... si Québec ou Ottawa ne donne pas aux municipalités le pouvoir financier de bonifier l'offre de transport en commun.

«Est-ce qu'on veut, oui ou non, investir dans les transports en commun?», a lancé le maire, rappelant que la congestion automobile est improductive autant pour Montréal que pour les autres villes de la région métropolitaine. «Va-t-on attendre 10 ans, 15 ans, 30 ans pour régler ce problème? a-t-il demandé. Là, on parle de compétitivité.»

Le maire a rappelé que le Grand Montréal est 26ème sur 26 en ce qui a trait au PIB par habitant parmi les grandes régions d'Amérique du Nord, et 44ème sur 65 quand on considère d'autres régions du monde.

Le maire a dit qu'il savait que le sujet des péages n'est pas très populaire en période pré-électorale. Mais il a dit que les citoyens qui perdent du temps dans les encombrements pourraient avantageusement prendre les transports en commun et arriver au travail «reposés». Pour cela, il faut du financement.

Il rappelle que le gouvernement du Québec pourrait imposer une taxe d'accise supplémentaire de deux cents sur l'essence et que les automobilistes, habitués à voir le prix de l'essence osciller entre 1,45 $ et 0,82 $ n'y seraient pas foncièrement opposés si on leur expliquait que le revenu qu'on dégagerait serait entièrement dévolu à l'amélioration de l'offre de transport en commun. Un coup de pouce d'Ottawa sur la TPS pourrait également générer 1,2 milliard pour l'ensemble du Québec, a-t-il par la suite ajouté à La Presse.

Sur cette question du financement, Gérald Tremblay est en phase avec le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, également présent au colloque. Mais M. Bergeron ne croit pas que Montréal devrait s'entendre avec les 81 autres maires de la CMM. «Avec 23 000 citoyens qui quittent chaque année Montréal pour les deux rives, les maires de la région peuvent tous envoyer une carte de Noël à Gérald Tremblay, dit M. Bergeron. La prospérité de ces villes, qui ont le vent dans les voiles avec leur Dix30, leur Faubourg Boisbriand et leur Lac-Mirabel, vient de Montréal. La concurrence de Montréal n'est pas à Toronto ou à Barcelone mais sur les deux rives!»

Ceci dit, le maire Tremblay en a appelé à l'unité des villes de la CMM sur la nécessité du financement. Et si les gouvernements supérieurs ne bougent pas, il faudra installer des péages régionaux.

«Un dollar investi en infrastructures génère 17 sous d'amélioration de la productivité d'une entreprise, ce qui lui permet d'investir par exemple dans la formation professionnelle ou dans la recherche et le développement, dit M. Tremblay. Je ne comprends pas que ce message ne passe pas alors qu'on perd un milliard en pertes de productivité par an, sans compter les problèmes de santé que ça génère. On s'en va directement contre un mur.»