Le conseil régional de l'environnement de Montréal demande à l'administration du maire Gérald Tremblay de faire pression pour obtenir la réduction du flot de circulation dans le futur échangeur Turcot au lieu d'en augmenter la capacité grâce au covoiturage.

Appuyé par les groupes écologistes Greenpeace et Équiterre et par RESO, important organisme de développement du sud-ouest de Montréal, le CRE de Montréal exige «une révision des scénarios proposés parce qu'ils vont tous à l'encontre des orientations du Plan de transport de Montréal», adopté l'été dernier par les autorités municipales.

 

Jusqu'à 280 000 automobiles et camions par jour peuvent emprunter l'échangeur Turcot, qui relie les autoroutes Décarie (A-15), du Souvenir (A-20) et Ville-Marie (A-720), dans le sud-ouest de la métropole, quand les bretelles de ce grand ouvrage décrépit sont toutes fonctionnelles.

Le projet de reconstruction de cet échangeur, présenté l'an dernier par le ministère des Transports du Québec (MTQ), prévoit l'aménagement de nouvelles bretelles, construites sur des remblais, en remplacement des piliers et structures actuelles, qui culminent à 30 mètres de hauteur. Ce projet, dont le coût est estimé à environ 1,5 milliard et dont la construction prendra six ans, prévoit également que les nouvelles voies de circulation seront un peu plus larges et dotées d'un accotement.

Cette configuration permettra d'augmenter la fluidité de la circulation, qui pourrait atteindre au moins 310 000 véhicules par jour dès l'ouverture de la nouvelle infrastructure, prévue pour 2015.

«Augmenter encore la circulation dans une infrastructure qui accommode déjà presque 300 000 véhicules par jour aurait un impact négatif sur la population qui vit près de l'échangeur Turcot, selon le directeur du CRE-Montréal, André Porlier. Non seulement parce qu'il y aurait encore plus de circulation, mais aussi parce que ces bretelles seront plus près du sol. Les émissions polluantes auront encore plus d'impact sur les gens du sud-ouest de Montréal.»

Le projet initial du MTQ ne prévoit aucun aménagement pour les transports en commun. Dès sa présentation, plusieurs représentants de la Ville de Montréal ont toutefois insisté pour qu'une voie soit réservée aux autobus afin d'améliorer l'efficacité des dessertes entre le centre-ville et l'ouest et le sud-ouest de Montréal.

Les groupes écologistes et le RESO s'inquiètent toutefois de la possibilité que des voies soient réservées aux autobus et au covoiturage sur l'accotement. Cela permettrait d'améliorer l'efficacité des transports collectifs, mais cela pourrait aussi faire grimper considérablement le débit de circulation quotidien dans l'échangeur.

Selon eux, la Ville de Montréal doit donc s'assurer que la voie réservée aux autobus et au covoiturage empiète sur les voies normales au lieu d'être un ajout à celles-ci. Pendant les périodes de pointe, on estime que près de 80% des automobiles qui circulent dans le réseau autoroutier de l'île de Montréal ne sont occupées que par le conducteur. En conséquence, un véhicule sur cinq, en moyenne, est occupé par plus d'une personne.

Or, en conservant le même nombre de voies de circulation dans le futur échangeur et en aménageant sur l'accotement une voie réservée aux véhicules qui comptent plus d'un passager, il serait possible d'augmenter de 20% le débit de circulation. En effet, si tous les véhicules comptant plus d'un passager empruntent la voie réservée au covoiturage, ils libèrent de l'espace pour les automobiles dans les deux voies normales.