Le maire de Brossard, Jean-Marc Pelletier, estime que la situation financière de sa ville est préoccupante avec 40 millions de dette. Mais les conseillers municipaux qui lui sont opposés et le directeur général de la Ville, Aubert Gallant, ne partagent pas son inquiétude. M. Gallant met de l'avant la croissance régulière de l'assiette fiscale de Brossard qui atteint aujourd'hui six milliards.

À cause des fusions-défusions, les citoyens de Brossard ne connaissent toujours pas les états financiers vérifiés de leur ville pour 2006. Ceux-ci devraient toutefois être déposés au printemps. «Quand on aura les vrais chiffres de 2006 et qu'on ajoutera les dettes de 2007 et celles de 2008, je vous garantis un électrochoc dont les gens vont se souvenir longtemps, a dit le maire, lundi soir, à la fin du conseil municipal. Et si on ajoute la dette qu'on a à cause de la vie commune avec Longueuil et celle à cause de l'agglomération que j'estime à 80-100 millions, cela porte la dette combinée à 120-150 millions (sic), alors qu'on n'avait pas de dette au moment de la fusion. Faut le faire !»

Le maire dit que les dépenses sont «hors de contrôle». Il reproche aux conseillers municipaux majoritaires qui l'ont laissé tomber (le laissant avec bien peu de pouvoirs) d'avoir, «pour cacher leur mauvaise gestion», «pigé 4 millions dans les surplus antérieurs et vendu des terrains pour 2,4 millions» afin de dégager un surplus d'opération d'un million.

«On est rendu à Brossard qu'on vend des terrains pour payer l'épicerie, dit-il. On n'a jamais fait ça. Ils sont en train de vider la Ville. En plus, ils veulent emprunter 3,5 millions pour cacher les taxes municipales 2009.»

Le conseiller du district 10 de Brossard, Daniel Lucier, responsable des Finances, dit que la situation «n'est pas grave» mais n'est pas capable de dire quelles sont les réserves actuelles de la Ville. De son côté, le directeur général Aubert Gallant dit que Brossard est «soigneusement administrée» et qu'une dette de 40 millions « est ridicule quand on a six milliards d'actifs».

«Les voyants du ministère des Affaires municipales s'allument quand de 3,5 à 5% de l'assiette fiscale d'une ville sont en règlement d'emprunt, dit-il. Nous, c'est moins de 1%. Nous sommes en plein développement. On n'a pas vendu de terrains à tort et à travers mais pour le Dix30.»

Tout de même, les revenus de permis de construction atteindront 220 millions en 2008 selon des projections, soit moins qu'en 2007 (309 millions) et 2006 (288 millions). Mais M. Gallant dit que le boom résidentiel se poursuit à Brossard.

«On aura construit 850 nouvelles portes en 2008, dit-il. Et 6 000 nouveaux logements depuis 2001! C'est comme deux grands villages, ça! On est passé de 5,2 à 6 milliards d'assiette fiscale depuis 2006. Une augmentation de 15,4%! On n'est quand même pas dans la misère! Parce que si c'est ça la misère, j'espère y vivre longtemps!»

Enfin, même s'il n'est toujours pas d'accord pour que les médias filment les citoyens qui assistent au conseil municipal, le maire Pelletier a laissé les caméramans de MédiaSud faire leur travail, lundi soir. MédiaSud a même innové et retransmis pour la première fois en direct la séance du conseil municipal.

Les échanges aigres-doux entre le maire et les conseillers indépendants se sont toutefois poursuivis dans un climat extrêmement tendu et pénible que le maire a décrit comme étant «un cirque» qu'il «préside».