La crise financière internationale nuit au projet immobilier de Devimco dans le quartier de Griffintown. La construction ne débutera pas avant le printemps 2010, a appris La Presse.

La planification du financement de la première phase de construction, qui représente 400 millions, est en effet décalée «de quelques mois». «Quatre cents millions, ça ne se trouve pas à Montréal et personne ne voudrait en ce moment financer 400 millions, dit le président de Devimco, Serge Goulet. Il faut un syndicat de banques international et, pour l'instant, les banques ne se prêtent même pas entre elles...»

Du coup, la clôture de l'achat des terrains est repoussée de cet automne à l'été 2009, et la construction ne commencerait qu'au printemps 2010 au lieu de l'été 2009. Les avis d'expropriation seront donc aussi décalés de quelques mois.

M. Goulet dit que le report ne veut pas dire que son projet ne va pas bien. Au contraire. «Comparée à d'autres villes canadiennes, l'économie à Montréal va bien, dit-il. Mais on est en train de vivre une situation économique internationale comme on n'en a pas vécu depuis 50 ans. Personne n'est capable de savoir quand et comment ça va se calmer. Je pense que le printemps 2010 sera plus propice pour commencer la construction. Et ce n'est pas une nouvelle négative. Nos partenaires financiers ne seraient pas là, en pleine crise économique, s'ils ne croyaient pas au projet.»

En effet, le financement des 210 millions nécessaires pour acheter les terrains et les raccorder aux infrastructures municipales est acquis, dit Serge Goulet. Huit partenaires y participeront: la Fiducie immobilière familiale Beaudoin-Bombardier, la caisse de retraite des employés de la STM, celle des employés de la Ville de Québec, Solim, le bras immobilier du Fonds FTQ, et quatre nouveaux partenaires. Un «institutionnel» et trois financiers privés «très connus», dit M. Goulet, sans dévoiler leurs noms.

Les quatre premiers partenaires et Devimco investiront un peu plus de 50% des 210 millions. Les quatre autres apporteront un peu moins de 100 millions. Ces 210 millions représentent 130 millions en capital et 80 millions en responsabilité sur des prêts.

Solim apporte un capital d'environ 10 millions, mais son investissement sera plus large: «Solim va financer un des promoteurs résidentiels, soit Prével, dit M. Goulet. Solim va aussi s'occuper du financement des infrastructures publiques, soit 106 millions de dollars.»

«On fait du développement en partenariat, réagit Guy Gionet, directeur général de Solim. Est-ce qu'on va aller de l'avant? C'est autre chose. Il faut les autorisations, mais il y a un intérêt, oui. Pourquoi Prével? On est déjà avec eux dans le développement Lowney.»

La Ville de Montréal suit en tout cas le dossier de près, assurent Christian Lalonde, chef de projet à la Ville, et Jean Savard, conseiller en planification. «On croit que le projet Griffintown va se réaliser, dit M. Lalonde. Il s'agit du plus grand projet immobilier privé à Montréal et il est normal que Devimco soit prudent.» «La crise ne sera pas éternelle», ajoute M. Savard.

D'ici la fin de l'année, 20% des terrains convoités par Devimco dans Griffintown seront achetés auprès d'une trentaine de propriétaires, pour près de 30 millions. Un total de 86% des terrains ont déjà donné lieu à des options d'achat.

Le dossier des plans et devis avance. Des consultants devraient être choisis au début 2009. Le mandat architectural du projet, réalisé par Eric R. Kuhne, est globalement terminé. Les zones commerciales ont été définies. Le plan général a été découpé en six districts afin d'assurer une qualité de vie agréable pour tous les résidants du secteur et pour les visiteurs.

«La mixité nécessaire des différentes composantes commerciales est établie, dit M. Goulet. On va décider bientôt qui sera notre architecte maître qui établira avec la Ville les grands principes de design, notamment sur le revêtement extérieur des édifices, l'éclairage et le mobilier urbain.»