Québec reconstruira l'échangeur Turcot en partenariat avec le secteur privé, a annoncé le gouvernement, mettant fin à un affrontement interne sur la façon de gérer le gigantesque projet de 1,5 milliards.

La ministre des Transports, Julie Boulet, a fait savoir vendredi qu'elle confiera la conception, la reconstruction, le financement et l'exploitation du vaste chantier à un consortium d'entreprises selon la formule du PPP.Le gouvernement lancera un appel de qualification à toute firme intéressée à s'associer au projet d'ici au mois de juin. Mais il n'est pas en mesure de préciser à quel moment le contrat sera attribué à la firme qui aura présenté la meilleure offre.

Transports Québec entamera des travaux de préparation du chantier dès janvier, et le BAPE tiendra des audiences pour établir la viabilité environnementale du projet dans les mois suivants.

Par son annonce de vendredi, Québec épouse les recommandations d'une étude de l'Agence des partenariats public-privé, qui estime que la formule permettra à la province d'économiser 100 millions.

Ce rapport avait provoqué des frictions entre la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, et sa collègue aux Transports, a rapporté La Presse la semaine dernière. La seconde préférait que le projet soit mené de la manière usuelle.

Mme Boulet n'était pas disponible pour commenter l'annonce, pas plus que sa collègue Mme Jérôme-Forget. Au bureau de cette dernière, on assure que les économies seront substantielles, et que la formule en PPP garantira l'entrée en service du nouveau complexe Turcot dans les délais, soit en 2015.

«Le consortium aura des délais serrés qu'il s'engagera à respecter, a expliqué l'attachée de presse de la ministre des Finances, Catherine Poulin. Il y a beaucoup d'exemples dans d'autres provinces canadiennes, notamment en Colombie-Britannique, où le consortium privé est pénalisé s'il a une journée de retard.»

Un rapport préparé par la firme PricewaterhouseCoopers pour le gouvernement révèle que la conception de l'ouvrage, qui date de 1967, est désuète et que la structure vieillit prématurément. Les experts mettent carrément en doute la sécurité de l'échangeur.

En février dernier, Transports Québec a accordé un contrat de 1,5 million par année pendant 10 ans aux firmes Dessau-Soprin, SNC et Cima pour surveiller continuellement la structure. Quelques mois plus tard, en juillet, un nid-de-poule d'un mètre de diamètre a forcé le Ministère à fermer certaines voies de l'échangeur et à faire passer les voitures au centre de la chaussée.

Près de 280 000 véhicules empruntent l'échangeur Turcot chaque jour.