L'achèvement de l'autoroute 30 marquera le retour des péages au Québec. Le gouvernement provincial en a fait l'annonce hier en dévoilant les détails d'un partenariat avec un consortium espagnol qui a pour cible l'achèvement des travaux dans quatre ans, soit en 2012. S'il ne respecte pas l'échéancier, chaque jour de retard va se transformer en pénalités de plusieurs milliers de dollars.

Le consortium, composé des filiales internationales Acciona et Iridium, a signé une entente de 35 ans pour construire, exploiter et assurer l'entretien de 42 km de route. Le projet n'a pas eu d'égal au Québec depuis des décennies. Au total, il est évalué à 1,5 milliard de dollars. L'investissement, en partenariat public-privé (PPP), représente des économies de 750 millions pour les Québécois, notamment en raison de la clause sur la gestion de risque, a soutenu Monique Jérôme-Forget, présidente du Conseil du Trésor. «C'est l'équivalent du coût de la construction du CHUM au centre-ville», a-t-elle fait remarquer.

 

La nouvelle partie ouest de l'autoroute s'étendra donc de Vaudreuil-Dorion à Châteauguay, avec une section de 7 km vers Salaberry-de-Valleyfield. L'entente ne touche pas la partie qui traverse la réserve de Kahnawake, qui fait l'objet d'un accord de principe qui reste à signer avec le fédéral. Aux 42 km annoncés en partenariat avec le secteur privé, il faut ajouter la construction colossale de deux ponts, l'un sur la rivière Beauharnois, et l'autre sur le fleuve Saint-Laurent, où il y aura les fameux péages.

Péage électronique

Les automobilistes devront payer 1,40$ pour traverser le pont, mais le tarif sera majoré chaque année selon l'indice des prix à la consommation (IPC), qui oscille présentement entre 2 et 2,5%. La ministre des Transports, Julie Boulet, a précisé à La Presse qu'environ 12 000 véhicules emprunteront le pont chaque jour, camions inclus. Les revenus annuels pourraient osciller entre 3,5 et 5 millions.

«Ces revenus vont nous servir à financer l'entretien et la construction», a expliqué l'un des dirigeants du consortium espagnol, Philippe Tingle. Mais attention, a précisé le gouvernement: les revenus seront versés dans un fonds pour le compte du gouvernement, et ce qui dépassera le seuil prédéterminé sera partagé à parts égales entre le consortium et le gouvernement.

Quant à la technologie, le gouvernement a choisi le péage électronique, mécanisme bien loin de celui des années 70, où il fallait jeter des pièces de monnaie dans des appareils de perception. Le nouveau système fera donc la lecture des cartes à puce des abonnés, automobilistes, camionneurs et chauffeurs d'autobus. Il sera par ailleurs possible de payer par carte de crédit ou de débit, a-t-on ajouté en point de presse.

Selon le ministre responsable de la Montérégie, Jean-Marc Fournier, qui milite depuis 20 ans pour l'achèvement de l'autoroute 30, la construction créera 20 000 emplois directs et indirects, pour des retombées annuelles de l'ordre de 225 millions de dollars. «Nous venons de franchir un point de non-retour», a fièrement affirmé le ministre Fournier.

L'UPA applaudit

Même l'Union des producteurs agricoles du Québec, qui s'opposait à la construction de l'autoroute à travers 600 hectares de terre, s'est rangée du côté du gouvernement, hier. Il faut noter que le projet d'achèvement de l'autoroute 30 fait l'objet de discussions depuis 40 ans, sans jamais faire consensus auprès des environnementalistes. Le début des travaux, prévu au printemps prochain, marque la fin de la croisade des représentants des cinq MRC de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent et de la Conférence régionale des élus, qui ont salué l'arrivée d'un lien routier manquant entre Montréal et les États-Unis.

Pour joindre notre journaliste: sara.champagne@lapresse.ca