Pour la troisième fois en un an, un membre influent du comité exécutif de Montréal quitte ses fonctions : après Benoit Labonté, l'an dernier, et Franck Zampino, en juillet, c'est au tour de la vice-présidente Francine Senécal de démissionner de ses fonctions.

Mme Senécal a annoncé mercredi aux membres du comité exécutif (et ce jeudi publiquement) qu'elle a accepté le poste de directrice générale du cégep du Vieux-Montréal, à compter de janvier prochain pour remplacer Jacques Roussil qui prendra sa retraite. Elle démissionne de la vice-présidence du comité exécutif mais continuera d'être conseillère du district de Côte-des-Neiges.

Francine Senécal avait la responsabilité des sports et des loisirs au comité exécutif. «Je quitte mes fonctions parce qu'elles sont incompatibles avec la nomination que j'ai acceptée, dit-elle à La Presse. Je retourne à mes anciennes amours puisque je viens du réseau des cégeps. Je me suis laissée tenter même si ça fait toujours de la peine de faire des choix comme ça.»

Mme Senécal demeurera conseillère «par respect des citoyens» qui l'ont élue et parce qu'elle est très impliquée dans des organismes de Côte-des-Neiges. Met-elle le comité exécutif dans l'embarras? «J'ai eu l'occasion d'en discuter avec le maire. Je pense que c'est à lui qu'il faut poser la question. J'ai essayé de faire les choses le plus correctement possible. C'est une offre non sollicitée qui ne pouvait être reportée.»

Le départ de Mme Senécal «fait de la peine» au président du comité exécutif, Claude Dauphin, mais il comprend son choix. Le maire Gérald Tremblay a réagi par communiqué de presse en saluant «la contribution» de Mme Senécal et en lui souhaitant «les plus grands succès dans ses nouvelles fonctions».

Qui va la remplacer? Au cabinet du maire, on n'a rien à dire sur le sujet. Il est toutefois vraisemblable que Michel Bissonnet, fraîchement élu maire de Saint-Léonard, fasse son entrée au cénacle de l'exécutif montréalais. Son amitié avec Franck Zampino ne nuit pas ni le fait d'avoir été président de l'Assemblée nationale du Québec pendant cinq ans.

Avec le départ de Benoit Labonté, en septembre 2007, et celui de l'ex-président du comité exécutif Frank Zampino, le maire Tremblay se trouve dans une situation délicate. Les récentes recrues d'Union Montréal (Richer Dompierre, Luis Miranda ou André Bélisle) n'ont pas le prestige de ceux qui sont partis.

Pour le chef de Vision Montréal, le départ de Mme Senécal a un goût de «fin de régime». « Il n'y a pas une entreprise privée qui, en l'espace de cinq mois, pourrait perdre son PDG et son premier vice-président, après avoir perdu un autre vice-président quelques mois auparavant, sans que ses cours à la bourse chutent le lendemain, dit Benoit Labonté. Par ailleurs, n'oublions pas qu'à l'élection partielle dans Ahuntsic, 63% des électeurs ont voté contre le parti de monsieur Tremblay.»

D'ailleurs, Benoit Labonté et le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, sentent qu'ils peuvent battre ensemble Union Montréal aux prochaines élections. Ils ne cachent pas qu'une coalition entre Vision Montréal et Projet Montréal pourrait se réaliser.

«On a manifesté de l'ouverture mais il ne faut pas travailler sur la base d'un calcul électoral mais sur des enjeux précis, avertit tout de même Benoit Labonté. On est en train d'évaluer les points communs, qui sont nombreux. On verra après pour les modalités.»

Richard Bergeron est aussi prudent. «Il faut s'entendre sur un programme, dit-il. On verra ensuite les accords institutionnels qui sont possibles.»