L'état des ponts et des viaducs se détériore à Laval et à Montréal alors qu'il s'améliore un peu dans le reste du Québec, révèlent des données compilées par le ministère des Transports à la demande de La Presse.

Deux ans après l'effondrement du viaduc de la Concorde à Laval, qui a fait cinq morts et six blessés, la région de l'île Jésus dispose d'infrastructures plus mal en point qu'en 2006.

Cette année-là, 23% des ponts et des viaducs étaient en mauvais état. En dépit des travaux réalisés en 2007 sur le réseau routier, 30% des structures nécessitent maintenant une réfection. C'est une hausse de 7% en un an.

À Montréal, la situation est tout aussi préoccupante: 48% des ponts et des viaducs sont déficients, un bond de 5% depuis 2006.

Plusieurs structures de ces deux régions sont si vieillissantes que le MTQ, malgré les travaux importants entrepris au cours des dernières années, ne suffit pas à la tâche.

Bon état

Dans toutes les autres régions, les ponts et les viaducs se portent un peu mieux qu'en 2006. Selon les données du MTQ, 54,5% des structures de tout le Québec sont en bon état, c'est-à-dire qu'elles ne nécessitent aucune intervention dans les cinq prochaines années. C'est une augmentation de 1,6% par rapport à 2006. «C'est la première fois depuis 1998 que cet indice est à la hausse», s'est félicité le sous-ministre du MTQ, Denys Jean.

En Outaouais, la part des structures déficientes est passée de 35% à 30% en un an; de 67% à 56% dans l'ouest de la Montérégie. Ailleurs, les améliorations sont moins spectaculaires. L'état des viaducs du Centre-du-Québec s'améliore un peu, mais demeure encore alarmant: 81% nécessitent des travaux, en baisse tout de même de 2%.

Si les structures se dégradent à Montréal, c'est parce que son cas est «spécial» selon le MTQ. «C'est un parc d'envergure, très complexe. Les travaux nécessitent des dérivations de circulation qui sont souvent difficiles. Ce genre d'intervention demande plus de temps. Mais on peut affirmer qu'on est en contrôle», a expliqué Jacques Gagnon, sous-ministre adjoint au MTQ.

Cette année, Québec a investi 402,8 millions de dollars pour remettre en état le réseau routier de Montréal, dont 167 millions pour les ponts et les viaducs. C'est une hausse de 261% par rapport à 2007-08.

Pour tout le Québec, le gouvernement Charest a décidé d'allonger 2,7 milliards de dollars cette année pour financer des travaux routiers, du jamais vu. Il prévoit des investissements tout aussi importants au cours des prochaines années pour qu'en 2022 l'état du réseau routier du Québec soit à un niveau comparable à celui des autres États nord-américains.

Pas tabletté

En conférence de presse hier, le MTQ a voulu démontrer que le rapport d'enquête de la commission Johnson sur l'effondrement du viaduc de la Concorde n'accumule pas la poussière sur une tablette.

Des 15 recommandations qui interpellaient le MTQ, neuf sont déjà mises en application, alors que six autres sont en voie de l'être. Par exemple, le MTQ a resserré les critères dans l'attribution des contrats et introduit de nouvelles dispositions pour s'assurer de la qualité des travaux.

Selon Denys Jean, le risque qu'un effondrement comme celui du viaduc de la Concorde se reproduise est maintenant «réduit au minimum».

Le sous-ministre assure que les effectifs du MTQ sont suffisants pour vérifier la qualité des travaux. Dans un article paru hier dans La Presse, le président de l'Association des ingénieurs du gouvernement du Québec, Michel Gagnon, dénonçait un manque d'ingénieurs pour surveiller les chantiers.

Mais selon Denys Jean, cette accusation est «exagérée». Le nombre d'ingénieurs à l'emploi du MTQ est passé de 327 en 1993 à 513 aujourd'hui. Depuis 2004, l'ensemble des ressources humaines du MTQ a fondu de 9%, mais le nombre d'ingénieurs a grimpé de 4,5%.