L'étroite piste cyclable qui mène de Longueuil au pont Jacques-Cartier est un danger public. Plusieurs cyclistes y ont subi des blessures, et le risque de collision frontale dissuade les gens de la Rive-Sud d'utiliser leur vélo au lieu de leur auto pour se rendre en ville, affirme Rénald Desharnais, retraité de Longueuil.

M. Desharnais tente depuis un an de convaincre la Société des ponts fédéraux d'élargir au plus vite la partie dangereuse, un entonnoir où la voie cyclable rétrécit brutalement de 60%, et ce, dans une pente qui encourage les imprudents à rouler trop vite. Mais l'organisme fédéral qui gère les ponts Jacques-Cartier et Champlain lui a écrit que ces travaux, d'une valeur de 250 000$, sont prévus seulement pour 2011.

 

Depuis une sema ine, M. Desharnais se rend presque chaque matin à 8h sur la piste cyclable et fait signer une pétition aux cyclistes qui empruntent l'entonnoir pour aller travailler à Montréal.

«Au fond, ce qui est incroyable, c'est que cette situation dure depuis si longtemps et que personne n'ait rien fait avant, dit M. Desharnais. Un jour, quelqu'un va se faire vraiment mal et la Société des ponts va se faire poursuivre. Ça montre que nos institutions ne prennent pas toutes au sérieux le vélo comme mode de transport. On pense encore auto, auto, auto. Les décideurs publics sont en retard sur les citoyens.»

M. Desharnais a recueilli des centaines de signatures. Plusieurs cyclistes interviewés par La Presse ont confirmé que l'entonnoir est dangereux. «Ça fait longtemps que ce danger est là. J'ai eu un accident en 2004 en rentrant chez moi, je me suis cassé le nez, j'avais les deux yeux au beurre noir. Le médecin qui m'a soigné m'a dit que, sans casque, j'aurais été tué ou paralysé», dit Patrick Jandroz, informaticien de Longueuil qui se rend travailler au centre ville à vélo huit mois sur 12.

«À la fin de l'entonnoir, il y a une courbe, et la clôture en mailles losangées empêche de voir tout à fait si quelqu'un vient en sens inverse.» M. Jandroz a percuté le vélo d'un cycliste qui venait en sens inverse et a plongé tête première.

David Joubert, de Saint-Lambert, a échappé de peu à une collision frontale l'été dernier, dans le même angle mort : «Heureusement, je n'allais pas vite. J'ai aperçu l'autre gars au dernier moment et je me suis collé à droite. J'ai fini accroché dans la clôture, les deux mains agrippées dans les mailles.»

M. Desharnais dit avoir obtenu assez rapidement l'appui de la Ville de Longueuil, qui possède une partie de l'accès au pont. «Quand je suis allé au conseil municipal, le maire Gladu avait lu ma lettre, il était au courant du dossier. Peu de temps après, la partie municipale de l'accès au pont avait été réasphaltée. On me dit que Longueuil est prêt à élargir tout de suite sa partie.» La partie fédérale de la piste est la plus étroite et la plus mal asphaltée.

M. Desharnais ne croit pas que la Société fédérale des ponts soit de mauvaise foi, mais il trouve que cette administration est lente à reconnaître que les besoins de ses usagers ont changé. «La dernière lettre que j'ai reçue d'eux est encourageante, je crois qu'il y a de l'ouverture.»

L'élargissement de ce tronçon fait partie des cinq priorités régionales établies par Vélo-Québec.