La décision d'agrandir le campus de la Montagne a beau relever du gouvernement du Québec, elle demeure «peu justifiée». L'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) en est venu à cette conclusion en faisant d'une pierre deux coups, hier, et en dévoilant deux rapports critiques qui touchent le développement sur le mont Royal et sa préservation.

Le premier concerne les ambitions du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), qui compte agrandir de 30% la surface de plancher de l'Hôpital général de Montréal, construit en face du parc du Mont-Royal. L'autre rapport concerne le projet de Plan de protection et de mise en valeur du mont Royal de la Ville de Montréal; un document technique qui doit servir de balise de constructions aux institutions, grandes propriétaires de la montagne.

Dans le cas du projet du CUSM, la commission de l'Office va jusqu'à affirmer que plusieurs questions sur le plan clinique demeurent sans réponse satisfaisante. «S'il faut un service de traumatologie au centre-ville, pourquoi l'implanter au campus de la Montagne, plutôt qu'au Glen, à proximité de la population desservie et des voies de communication rapides? demande la commission. Et pourquoi l'hôpital de neurologie ne reste-t-il pas où il est?»

Dans l'ensemble, l'agrandissement de l'Hôpital s'articule autour du gonflement de sept étages au dessus du pavillon central, de la construction d'un stationnement souterrain de six niveaux, et de l'élargissement des ailes À et B, qui donnent sur l'avenue des Pins.

Tous les aspects du projet sont critiqués par l'OCPM, particulièrement en matière d'aménagement paysager, d'impact visuel et du nombre d'espaces de stationnement (987 alors que le règlement prévoit un maximum de 945 cases). L'Office a par ailleurs de grandes réticences à l'égard du plan de circulation du CUSM dans un secteur déjà problématique, où les rues sont souvent engorgées.

Le patrimoine du peuple

Jointe hier, Louise Roy, présidente de l'OCPM, a expliqué qu'elle espère que les dirigeants et les élus de Montréal raffermiront les mesures proposées dans le Plan de protection et de mise en valeur du mont Royal à l'égard des institutions. Elle fait remarquer que près de 3000 citoyens ont rempli le questionnaire en ligne de la commission, et que 200 pages de commentaires ont été recueillis.

«Pour les citoyens, le mont Royal est un grand jardin, leur lien avec lui est sentimental et symbolique, retient Mme Roy. Ils ont peur de perdre leurs accès aux espaces à force de le voir s'égrainer par petits morceaux. Ils disent que le mont Royal leur appartient, qu'il s'agit du patrimoine du peuple.»

En conséquence, l'OCPM est allé dans le sens des organismes de défense du mont Royal, tel les Amis de la montagne et le Centre régional en environnement (CRE), de Montréal (voir encadré), qui ont déjà souhaité un moratoire pour 423 hectares du réseau écologique et boisés. Seulement 190 hectares sont désignés «parcs».

Les organismes se réjouissent

L'organisme de défense Les Amis de la montagne et le CRE de Montréal ont accueilli favorablement, hier, les conclusions de l'Office de consultation publique de Montréal, surtout celle concernant un moratoire de construction dans les boisés et la protection de 13 vues menacées. Les deux organismes s'entendent pour dire que la Ville de Montréal doit aller dans le sens des recommandations, et que la pérennité de la Table de concertation du mont Royal doit être assurée. Alan DeSousa, responsable du dossier de l'Hôpital au comité exécutif de l'administration Tremblay, a assuré La Presse que le projet serait bonifié, sans dévoiler comment. Du côté de la direction du CUSM, le Dr Arthur Porter a indiqué qu'il allait étudier les recommandations, sans engagement formel.