Les Philippines ont annoncé mardi l'envoi de centaines de policiers sur l'île de Boracay, haut lieu touristique de l'archipel, pour faire respecter l'interdiction faite aux voyageurs de s'y rendre pendant six mois et parer à d'éventuelles manifestations.

Le président Rodrigo Duterte a déclaré que les eaux cristallines de cette île minuscule ultra fréquentée et ses plages de sable blanc s'étaient transformées en «fosse septique».

Il a ordonné que Boracay soit interdite aux touristes pendant six mois à compter du 26 avril pour permettre la construction de réseaux de traitement des eaux usées et détruire les édifices illégaux.

Les autorités ont dévoilé mardi leur projet de déploiement de 600 policiers, dont 138 membres d'une «unité de dispersion des foules», chargés d'empêcher les touristes philippins comme étrangers de se rendre dans cette île du centre de l'archipel.

«Dans toute transition, en particulier dans les cas de décisions radicales comme celles-ci, il y a toujours de la confusion, des incertitudes», a expliqué le directeur de la police régionale Cesar Binag, lors d'un forum public organisé sur l'île et retransmis par la télévision nationale.

«Nous avons identifié les causes de confusion, d'incertitudes et de moral en berne qui pourraient résulter sur de l'agitation et déboucher sur des problèmes de sécurité».

L'île de 10 km2 située à 300 kilomètres au sud de Manille ne sera plus accessible que par un seul port.

Les habitants seront dotés de nouvelles cartes d'identité, n'auront plus le droit de faire du bateau et ne pourront plus nager la nuit, a ajouté le policier.

Le secteur du tourisme a averti que la décision mettrait en péril 17 000 emplois. L'île a accueilli en 2017 environ deux millions de touristes et généré un milliard de dollars pour l'économie philippine.

La décision abrupte des autorités a contraint des centaines d'hôtels, de restaurants et de voyagistes à annuler leurs réservations, laissant sur le carreau leurs clients en colère.

M. Duterte accuse les hôtels et bars de l'île de déverser directement leurs eaux usées dans la mer. Le ministère de l'Environnement avait affirmé que 195 commerces et 4000 particuliers de l'île n'étaient pas connectés aux réseaux d'égouts.