La commission Environnement du Parlement européen a refusé jeudi de céder aux pressions des constructeurs automobiles visant à réduire les contraintes que Bruxelles veut leur imposer pour limiter la pollution des voitures, augurant d'une dure bataille à venir.

Les deux grands partis du Parlement européen, le PPE (conservateurs) et le PSE (socialistes), s'étaient pourtant entendus pour adoucir substantiellement les propositions faites par la Commission européenne en décembre. Ils soutenaient notamment un amendement prévoyant que les pénalités imposées aux constructeurs qui ne respecteraient pas l'objectif de 130g/km maximum de CO2 émis en moyenne par véhicule neuf (au lieu de 160 actuellement) ne s'appliquerait pleinement qu'à partir de 2015, au lieu de 2012 comme préconisé par l'exécutif européen.

Mais les eurodéputés libéraux et Verts, ainsi qu'une partie des socialistes qui n'ont pas suivi la consigne de leur parti, se sont ligués pour rejeter cet amendement: il a été repoussé avec 39 voix contre, et seulement 23 pour, selon un porte-parole du Parlement.

Ils ont aussi ajouté un objectif à long terme pour les constructeurs: celui de réduire encore plus drastiquement les émissions d'ici 2020, à 95 g/km.

Les défenseurs de l'environnement se sont félicités de ce résultat.

«Le Parlement semble avoir résisté aux exigences de l'industrie automobile et de quatre ou cinq pays producteurs et envoie un signal fort que les Européens ont besoin de voitures économes en carburant maintenant, et pas dans cinq ou dix ans», a estimé Jos Dings, directeur de l'association pour le Transport et l'environnement, basée à Bruxelles.

Ce vote en commission Environnement -- la plus influente sur ce dossier -- laisse augurer d'une bataille féroce d'ici le vote en première lecture attendu en novembre. Les lobbyistes des constructeurs sont en effet très actifs sur ce dossier -- ils ont essayé de reporter le vote de la commission jeudi -- et devraient revenir à la charge dans les semaines qui viennent.

D'autant que le texte doit aussi être approuvé par les Etats membres. Or l'Allemagne, la France et l'Italie plaident également la cause de leurs importantes industries automobiles.

Preuve de la sensibilité de ce dossier clé pour les ambitions européennes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel étaient même tombés d'accord en juin pour assouplir les propositions de la Commission.

Bruxelles a proposé en décembre que tout constructeur qui n'atteindrait pas l'objectif de 130g/km d'ici 2012 se verrait pénalisé à hauteur d'abord de 20 euros par gramme de C02 en trop par véhicule vendu, puis 35 euros en 2013, 60 euros en 2014 et 95 euros en 2015.

Ses propositions avaient été vivement critiquées dans le secteur, à commencer par la puissante industrie allemande, spécialiste des voitures haut de gamme plus polluantes.