Écologistes, scientifiques et artistes ont uni leurs voix, hier, à Montréal, pour dénoncer la réfection de la centrale nucléaire de Gentilly-2. S'amorçait ainsi une campagne de mobilisation que l'on promet longue et bruyante.

En réaction à la décision que le gouvernement a «prise en catimini» en août dernier, en pleins Jeux olympiques, Diane Dufresne, Martin Petit et Laure Waridel ainsi que plusieurs autres personnalités ont pris la parole à la Société des arts technologiques.

 

Ils ont d'abord et avant tout décrié le fait qu'il n'y ait ni débat public, ni audiences, ni commission parlementaire sur cet enjeu de grande importance sur les plans environnemental et financier. Afin de combler cette lacune, ont-ils dit, ils ont lancé une pétition en ligne afin de mobiliser les Québécois.

«Les trois partis provinciaux sont quasiment en collusion sur cet enjeu, ce que nous trouvons effrayant», a lancé le directeur général de Nature Québec, Christian Simard.

Les écologistes ont ainsi voulu réunir des gens de différents milieux dans une vaste coalition afin de prouver que l'assentiment des partis ne signifie pas l'assentiment des Québécois. À l'émotion des artistes, ils ont joint le pragmatisme des scientifiques.

«Il existe des solutions de rechange (au nucléaire) beaucoup moins coûteuses et beaucoup plus écologiques, a indiqué Michel Duguay, docteur en physique nucléaire et professeur en génie électrique à l'Université Laval. Elles devraient être privilégiées, non seulement pour des raisons de santé publique et d'environnement, mais même pour des raisons économiques.»

Même son de cloche de la part d'Éric Notebaert, professeur à l'Université de Montréal, et de Ian Fairlie, expert-conseil britannique en radiation, qui a exprimé ses craintes par téléphone. Les deux hommes ont parlé des polluants que Gentilly-2 rejette dans l'air et l'eau, lesquels seraient ensuite absorbés par le corps humain.

Selon le Dr Notebaert, la fission des atomes d'uranium produit des isotopes radioactifs (comme l'iode-131 et le césium-137) qui peuvent provoquer le cancer et des malformations congénitales lorsqu'ils sont ingérés. Quant au Dr Fairlie, il a fait référence au tritium, un isotope radioactif de l'hydrogène, afin de souligner que le Canada et le Québec ont des seuils d'acceptabilité plus de 400 fois plus élevés que ceux de la Californie.

Désireux de faire de cette question un des principaux enjeux des prochaines élections provinciales, les partisans de la campagne «Sortons le Québec du nucléaire» ont aussi envoyé une lettre au premier ministre, Jean Charest, pour lui exprimer leur mécontentement.

Signée par notamment par Frédéric Back, Michel Rivard, François Avard, Isabelle Blais, Gérald Larose, Richard Séguin, Guy Corneau et Daniel Lavoie, cette missive demande au gouvernement de fermer et de décontaminer Gentilly-2 une fois pour toutes.

À ce titre, d'ailleurs, les militants ont rappelé que le premier ministre Charest s'est déjà battu contre la construction d'un site d'enfouissement de déchets radioactifs au Vermont, aux limites de sa circonscription.

«Jean Charest devrait relire la lettre qu'il a écrite en avril 2003, juste avant son élection, dans laquelle il déclarait que le Parti libéral n'était pas en faveur de poursuivre le développement nucléaire», a indiqué Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire.

Pour en savoir plus naturequebec.org

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