La Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) demande à un juge d’ordonner l’arrêt du remblayage d’une ancienne sablière située en zone agricole à Sainte-Marie-Salomé, dans Lanaudière. L’endroit est devenu le déversoir des sols excavés sur plusieurs gros chantiers de construction de la région et des contaminants dangereux pour l’environnement y ont été découverts, comme l’illustrait un récent reportage de La Presse.

Ce qu’il faut savoir

  • Les sols excavés sur de gros chantiers résidentiels sont enfouis massivement dans une ancienne sablière de Lanaudière depuis un an.
  • Des élus et des citoyens ont manifesté contre la présence de milliers de camions qui viennent déverser leur chargement sur le site.
  • Le ministère de l’Environnement a trouvé des contaminants potentiellement néfastes sur place, alors que le site était autrefois propre.

Dans une requête déposée au palais de justice de Joliette, la Commission souligne qu’une partie des chargements transportés dans l’ancienne sablière comprend des matières impropres à l’agriculture, comme du béton et de la brique concassée, ainsi qu’une série de contaminants qui risquent « d’affecter irrémédiablement la zone agricole contiguë ».

« La CPTAQ a pour mission de protéger le territoire et les activités agricoles du Québec. Les pratiques en zone agricole qui vont à l’encontre de ces principes et qui sont préjudiciables à la zone agricole doivent être prises au sérieux », a ajouté le président de la Commission, Stéphane Labrie, dans un communiqué diffusé vendredi matin.

L’organisme affirme que le propriétaire du terrain n’a pas rempli les conditions qui lui auraient permis de remblayer l’ancienne sablière dans le respect des normes, et que ce remplissage par des milliers de camions de sols excavés est donc illégal. Il demande à un juge de la Cour supérieure de prononcer une injonction pour faire cesser les déversements et forcer la remise en état du site.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Au début du mois, des centaines de camions continuaient de faire le va-et-vient entre les chantiers de construction et la sablière.

Depuis plus d’un an, des milliers de camions acheminent les sols excavés sur des chantiers résidentiels vers l’ancienne sablière située à Sainte-Marie-Salomé, malgré les protestations de la mairesse de la petite localité de 1200 habitants.

« Je ne comprends pas comment une petite municipalité peut être prise en otage comme ça », s’était insurgée la mairesse Véronique Venne en entrevue avec La Presse récemment.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Véronique Venne, mairesse de Sainte-Marie-Salomé

« On a une route municipale qui devient une route de transport avec 100 à 300 camions par jour. Le va-et-vient est incessant sur notre territoire », expliquait-elle.

Risque à long terme pour les puits

L’an dernier, le ministère de l’Environnement dit avoir découvert des traces de contamination aux hydrocarbures pétroliers, aux hydrocarbures aromatiques polycycliques et au zinc lors de tests effectués sur place. Le site était autrefois vierge de toute contamination liée aux activités humaines, selon les mêmes tests.

Selon le rapport d’inspection obtenu par la municipalité, le propriétaire du site avait déclaré recevoir un paiement en argent comptant pour chaque chargement de sols, de la part du « contrôleur » qui gérait les opérations.

« La qualité des sols entrants n’est pas vérifiée adéquatement », notait l’inspectrice. Vu le niveau de contamination constaté, il n’y avait pas de risque immédiat pour les puits des résidants, mais un risque « à long terme » existait bel et bien, selon elle.

L’ancienne sablière appartient à Aurèle Collin, un agriculteur retraité de 83 ans qui souhaite remblayer le site pour pouvoir le vendre à un cultivateur plus jeune. « Il va faire des céréales bios », a expliqué le propriétaire à La Presse récemment.

M. Collin croit que les craintes en matière d’environnement sont exagérées. « Qu’ils viennent nous prouver ça, on est prêts à se défendre », a-t-il déclaré.