(Ottawa) Les provinces et territoires du Canada sont prêts à aider le gouvernement fédéral dans son objectif de mettre fin à la perte de terres et d’eau à travers le pays.

À l’issue d’une rencontre à Ottawa vendredi, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a déclaré que ses homologues étaient tous d’accord sur les objectifs de conservation fixés à la COP15 de Montréal en décembre.

Le gouvernement fédéral mène la Stratégie 2030 pour la biodiversité du Canada, qui vise à protéger 30 % des terres et des eaux d’ici 2030.

Le premier ministre Justin Trudeau avait annoncé cet objectif en 2020 et le Canada a été parmi les pays qui ont poussé avec succès plus de 190 autres à emboîter le pas lors de la Conférence de l’ONU sur la biodiversité à Montréal en décembre dernier (COP15).

« Il s’agit d’un plan nécessaire, a déclaré le ministre Guilbeault vendredi. La nature est ce qui nourrit toute vie. Elle nous fournit de la nourriture, de l’air pur et de l’eau, ainsi qu’une protection contre les aléas de la nature. »

Les dirigeants provinciaux et territoriaux ont accepté de collaborer avec Ottawa pour aller de l’avant, avec les peuples autochtones, car « il n’y a pas d’action sur l’environnement au Canada sans le plein engagement des dirigeants autochtones », a-t-il indiqué.

M. Guilbeault a déclaré que les provinces et les territoires avaient un rôle essentiel à jouer pour atteindre cet objectif, en raison de leur autorité importante sur l’utilisation des terres — mais certaines provinces seront en mesure de conserver plus de terres que d’autres.

Des provinces pas toutes égales

L’accord international de la COP15 précise que les pays signataires préserveront collectivement 30 % des terres et des océans, mais certains pays ont peu de terres ou peu d’océans avec lesquels ils pourront contribuer, a rappelé M. Guilbeault. Il en va de même pour certaines provinces.

Par exemple, les terres de la Nouvelle-Écosse sont à 70 % privées, alors le gouvernement de cette province s’est engagé à préserver 20 % de ses terres, a déclaré le ministre provincial de l’Environnement, Tim Halman. La Colombie-Britannique s’est engagée à en conserver 30 %.

« Nous savons que d’autres feront plus, et c’est ainsi que nous parviendrons collectivement à protéger au moins 30 % de nos terres et de nos océans d’ici 2030 », a déclaré M. Guilbeault, reconnaissant qu’il pourrait y avoir des obstacles en cours de route.

Le Québec, qui considère que ces domaines relèvent essentiellement de ses champs de compétences, participe aux réunions ministérielles à titre d’observateur, rappelle le gouvernement fédéral dans un communiqué. En réponse à l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité à Montréal, en décembre, « le Québec élabore son Plan Nature 2030 » pour atteindre la cible de conservation de 30 %, indique-t-on.

Plus de la moitié des ministres de l’Environnement des provinces et territoires avaient d’ailleurs délégué leur sous-ministre à cette première réunion ministérielle « en personne » depuis la « COP15 » de décembre à Montréal, qui a accouché du Cadre mondial de la biodiversité.

Les ministres de l’Environnement de la Saskatchewan, de la Colombie-Britannique, de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et des Territoires du Nord-Ouest ont participé à la réunion à Ottawa, alors que les autres provinces et territoires y ont délégué leur sous-ministre.

L’Alberta était complètement absente en raison des élections générales de lundi prochain. Mais le ministre Guilbeault était confiant vendredi qu’il obtiendrait éventuellement la collaboration de l’Alberta, puisque leur ministre de l’Environnement assistait à la COP15 de Montréal lorsque l’accord global a été conclu en décembre.

« Avant la campagne électorale, j’ai discuté avec mes homologues albertains de certaines de ces questions […] de la protection de la nature et de la protection de la biodiversité, et je suis convaincu que, quel que soit le résultat des élections (de lundi), nous aurons cette collaboration », a déclaré M. Guilbeault.

Le ministre néo-écossais Halman a estimé vendredi que la conjoncture était favorable entre Ottawa et les provinces sur cette question, et il était heureux de voir tout le monde travailler main dans la main.

« Le Canada est une “communauté de communautés” et on voit les provinces et les territoires agir à leur manière pour conserver les terres et l’eau et pour protéger la biodiversité », a déclaré le ministre Halman vendredi.

À la fin de 2022, près de 14 % des terres et des eaux douces du Canada et près de 15 % des zones marines et du littoral étaient, sous une forme ou une autre, protégées pour leur conservation.