Le Québec présente l’un des meilleurs bilans au pays en matière de protection de son territoire, selon un rapport de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP). Plusieurs provinces traînent cependant la patte et compromettent les chances d’atteindre l’objectif de protéger 30 % du territoire canadien d’ici 2030.

Le Québec parmi les premiers de classe

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

La quasi-totalité de l’habitat essentiel du caribou forestier au Québec n’est pas efficacement protégée, a récemment affirmé le ministre Steven Guilbeault.

Le Québec (A-) figure parmi les premiers de classe au Canada, selon le dernier bilan de la Société pour la nature et les parcs. L’organisme estime que la province a fait des « progrès importants » depuis son dernier bulletin publié en 2021. Bien que la superficie d’aires protégées soit restée la même depuis deux ans, à 16,8 %, le rapport signale que Québec a réitéré son engagement à protéger 30 % de son territoire d’ici 2030 et s’est engagé à protéger 50 % du territoire nordique. Le gouvernement Legault a aussi annoncé un investissement de 650 millions en décembre dernier pour lui permettre d’atteindre ses objectifs.

Les bons élèves

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Vue panoramique des glaciers du parc national de Kluane, au Yukon

La Colombie-Britannique (C), le Yukon (A-) et la Nouvelle-Écosse (B) sont aussi parmi les meilleurs élèves au pays en matière de protection du territoire. Le Yukon affiche la meilleure progression avec une hausse de 7,5 % de sa superficie d’aires protégées depuis 2021. En Colombie-Britannique, la hausse est minime, mais la province s’est engagée en 2022 à protéger 30 % de son territoire d’ici 2030. La Nouvelle-Écosse, elle, a créé 15 nouvelles aires protégées et s’engage à protéger 20 % de son territoire d’ici 2030. « Dans certaines [provinces ou certains territoires], le travail a progressé même si de façon globale le Canada n’a pas beaucoup avancé », relève Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec.

Au milieu du peloton

PHOTO FOURNIE PAR PARCS CANADA

Plateau au sud de la baie de Ramah, dans le parc national des Monts-Torngat, l’un des rares territoires protégés à Terre-Neuve-et-Labrador

Le Nouveau-Brunswick (B-) a doublé sa superficie d’aires protégées en 2022 et s’est engagé à dévoiler son objectif pour 2030 d’ici 2024. Le Manitoba (C-) n’a fait aucun progrès et stagne toujours à 11 % d’aires protégées. La province n’a aucun objectif chiffré, comme au Québec par exemple. Bien qu’elle se soit engagée à créer de nouvelles aires protégées, la province de Terre-Neuve-et-Labrador (E) stagne toujours, tout comme les Territoires du Nord-Ouest (B+). « La note moyenne au Canada est un C. On mérite mieux qu’un C, il faut augmenter ça », affirme Alain Branchaud, d’autant plus que le Canada s’est engagé à protéger 30 % de son territoire d’ici 2030.

Les cancres de la classe

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Vue aérienne de la rivière Athabasca, près de Fort McMurray, en Alberta. Plusieurs zones du territoire avoisinant le lac Athabasca et de la rivière du même nom devaient être protégées pour 2020, mais le gouvernement actuel a renoncé à son engagement.

Bien que la province se situe au 5e rang au Canada avec 15,4 % de son territoire protégé, les progrès de l’Alberta (C-) sont qualifiés de « relatifs » par la SNAP. « Malgré d’excellentes occasions et un large soutien public à la conservation, le gouvernement de l’Alberta continue d’éviter de protéger sa nature abondante et n’a aucun engagement actif envers des objectifs de conservation », précise le rapport. En Ontario (E), l’organisme critique l’approche du gouvernement « qui privilégie le développement » tout en diminuant les protections environnementales. La Saskatchewan (D), de son côté, vise toujours à atteindre la cible de 12 % fixée il y a 30 ans.

Le Canada à mi-chemin de ses objectifs

De façon globale, le Canada protège actuellement 13,5 % de son territoire terrestre et 14,7 % de ses milieux marins. Le Canada a pris plusieurs engagements au cours de la dernière année, note la SNAP. Ceux-ci devront néanmoins se concrétiser pour que soit atteint l’objectif de 30 % d’aires protégées d’ici 2030. Comme ce sont les provinces qui déterminent les aires terrestres à protéger, « le fédéral n’a pas complètement les deux mains sur le volant », signale Alain Branchaud. La situation est différente en ce qui concerne les aires marines, où Ottawa a une plus grande marge de manœuvre afin d’atteindre là aussi l’objectif de 30 %.