Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le record de 2016 comme l’année la plus chaude a de très fortes chances de tomber d’ici cinq ans. La faute à qui ? La faute à El Niño, comme le chante Plume Latraverse. Explications.

Ce qu’il faut savoir

  • Selon l’OMM, le record de l’année la plus chaude établi en 2016 tombera d’ici cinq ans.
  • Le retour du phénomène météorologique El Niño poussera les températures à la hausse.
  • Les personnes âgées de 55 ans et moins seront les plus durement touchées au cours des prochaines décennies.

Sûr à 98 %

Dans sa plus récente analyse, l’OMM prévoit qu’il y a 98 % de chances qu’au moins une année entre 2023 et 2027 dépasse l’année la plus chaude jamais enregistrée, en 2016. Avec le même degré de certitude (98 %), les scientifiques de l’OMM s’attendent aussi à ce que la moyenne quinquennale pour 2023-2027 soit supérieure à celle des cinq dernières années. On estime par ailleurs qu’au cours de cette période, il y a 66 % de chances que la température moyenne sur Terre dépasse de 1,5 oC le niveau enregistré à la fin de l’ère préindustrielle.

Des systèmes de prévisions « plus robustes »

« Les systèmes de prévisions se sont beaucoup raffinés ces 10 dernières années, ils sont de plus en plus robustes », précise Alain Bourque, directeur général du consortium Ouranos, spécialisé dans l’étude des changements climatiques au Québec. Selon lui, le plus récent rapport de l’OMM « confirme numériquement ce à quoi on s’attend pour les prochaines années dans la communauté scientifique ». Les chiffres du rapport intitulé WMO Global Annual to Decadal Climate Update indiquent que la moyenne de températures pour chaque année entre 2023 et 2027 se situera entre 1,1 et 1,8 oC au-dessus des températures enregistrées à la fin de l’ère préindustrielle.

« On est dus pour El Niño »

Le retour du phénomène météorologique El Niño, synonyme de températures plus chaudes, jouera assurément un rôle important au cours des prochaines années. Selon les scientifiques, il y a 66 % de chances qu’El Niño fasse son apparition d’ici la fin de l’année 2023. « Le set-up est quasiment parfait pour l’arrivée d’El Niño d’ici l’hiver, affirme Alain Bourque. On est dus pour El Niño, tous les signaux sont là ! » Le scientifique fait remarquer que malgré le phénomène La Niña, qui amène des températures plus fraîches, l’année 2022 s’est retrouvée au sixième rang des années les plus chaudes depuis la fin de l’ère préindustrielle. « C’est remarquable et inquiétant », mentionne-t-il.

1,5 oC, c’est pour bientôt

S’il n’y a pas encore de certitude que le chiffre symbolique de 1,5 oC de réchauffement sera atteint d’ici 2027, il y a de très fortes chances qu’on y arrive d’ici 2030, croit Alain Bourque. Or, même à 1,5 oC, les répercussions se feront sentir partout sur la planète. En 2021, une équipe de chercheurs internationaux a publié une étude dans la revue Science démontrant que les changements climatiques toucheront beaucoup plus sévèrement les plus jeunes. À partir de cette étude, des scientifiques de plusieurs universités européennes ont créé un site internet permettant de visualiser ces risques en fonction de son âge et de la région du monde où l’on habite.

Les plus jeunes plus durement touchés

Dans un scénario où le monde se réchaufferait de 2,4 oC d’ici la fin du siècle, une personne née en 2020 en Amérique du Nord sera confrontée à 35,3 fois plus de vagues de chaleur au cours de sa vie. En comparaison, une personne née en 1963 vivra seulement 8,8 fois plus de vagues de chaleur.

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En Afrique, une personne née en 2020 sera exposée à 51,2 fois plus de vagues de chaleur au cours de sa vie. L’étude parue dans Science fait remarquer que « l’évolution de la fréquence des évènements extrêmes a relativement peu d’effet sur l’exposition au cours de la vie pour les cohortes âgées de plus de 55 ans en 2020, mais cette situation change rapidement pour les cohortes plus jeunes ».

Des études de plus en plus rapides

La plus récente vague de chaleur qui a touché l’Espagne, le Portugal, le Maroc et l’Algérie était au moins 100 fois plus probable en raison des changements climatiques, a conclu une étude d’attribution du World Weather Attribution au début du mois. Selon Alain Bourque, ces études d’attribution rapides sont de plus en plus robustes et doivent être prises au sérieux. Le chercheur se désole cependant de constater qu’on doive encore mener de telles études pour prouver le rôle des changements climatiques dans ce genre d’évènement météo extrême. « Ça ferme probablement la trappe à ceux qui disent que ce n’est pas lié aux changements climatiques, mais je suis un peu attristé de voir qu’on met beaucoup d’énergie et d’argent là-dedans. »

Consultez le rapport de l’Organisation météorologique mondiale (en anglais) Lisez l’étude dans Science (en anglais) Consultez le site myclimatefuture (en anglais)
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    Nombre de scientifiques provenant de 11 instituts de recherche qui ont contribué au plus récent rapport de l’Organisation météorologique mondiale.
    Source : Organisation météorologique mondiale.