(Montréal) Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a admis vendredi que les progrès réalisés jusqu’ici à la COP15, à Montréal, ne vont pas aussi vite qu’il le souhaiterait.

À l’issue de près d’une semaine de délibérations, les négociateurs sont parvenus à des accords sur trois des 22 objectifs, dont l’un des principaux objectifs du Canada : s’assurer que les peuples autochtones soient consultés et jouent un rôle dans les nouveaux accords de conservation.

Mais M. Guilbeault admet qu’il espérait que plus d’accords soient conclus avant que d’autres ministres de l’Environnement ne commencent à arriver, la semaine prochaine, pour cette réunion internationale des Nations unies sur la sauvegarde de la biodiversité de la planète.

« Il y a beaucoup de choses que les négociateurs pourraient traiter avant l’arrivée des ministres et c’est ce que nous leur demandons de faire », a-t-il confié vendredi matin.

Des organisations non gouvernementales ont dénoncé plus ouvertement encore la lenteur des négociations à Montréal.

« Nous ne voyons aucun progrès, beaucoup de concentration sur des choses qui font perdre du temps à un moment où le temps est compté, c’est une denrée qui se fait rare ici, a déclaré Marco Lambertini, directeur du Fonds mondial pour la nature (WWF). Nous approchons pourtant rapidement de ce qui devrait être, en théorie, la conclusion d’un accord.

Il est temps pour les négociateurs ici à Montréal d’arrêter de passer du temps sur des technicalités et de se concentrer sur ce qui doit vraiment être réalisé.

Marco Lambertini, directeur du Fonds mondial pour la nature (WWF)

Les négociateurs ont eu deux ans pour se préparer à cette COP15 et il n’y a aucune excuse pour un retard supplémentaire, a affirmé de son côté Hindou Oumarou Ibrahim, de l’Association des femmes peules et peuples autochtones du Tchad. Sérieusement, qu’est-ce qu’ils ont fait ces dernières années ? »

Mais tout le monde n’était pas aussi négatif. « Ce que j’entends de l’équipe qui est dans la salle, c’est que l’atmosphère est bonne, a mentionné Sandra Schwartz, de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP). Ils parlent définitivement de progrès. »

Mme Schwartz reconnaît toutefois que les discussions sur les plus gros enjeux ne font que commencer. « Il y a des inquiétudes que des choses soient retirées pour parvenir à un accord à ce stade, a-t-elle admis. Il est toujours important de ne pas laisser le cadre s’affaiblir. »

Guilbeault optimiste

La COP15, une petite ville de 17 000 délégués au cœur de Montréal, tente d’établir des objectifs précis pour la préservation des écosystèmes de la Terre. Bien que 120 des plus de 190 pays présents se soient mis d’accord sur des objectifs tels que la conservation de 30 % des terres et des eaux de la planète d’ici 2030, un accord demeure incertain.

Mais M. Guilbeault, qui a participé dans sa carrière à plus d’une vingtaine de conférences environnementales de haut niveau, en tant que militant écologiste puis ministre et politicien, a déclaré vendredi qu’il gardait espoir.

Les délégués ont jusqu’à lundi pour « nettoyer le texte », a-t-il confié vendredi matin. Et s’ils ne le font pas, les politiciens devront le faire eux-mêmes la semaine prochaine. « Si nous obtenons un texte qui n’est pas aussi nettoyé que nous le souhaiterions, ça veut dire que les ministres auront encore plus de travail. »

Les militants écologistes espéraient que cette COP15 se conclut par un « accord de Montréal » sur la biodiversité, comme « l’accord de Paris » sur la réduction des gaz à effet de serre, à l’issue de la conférence sur le climat de 2015.

Les deux enjeux sont intimement liés. La recherche scientifique a conclu qu’il n’y avait aucune chance de maintenir le changement climatique à une température de 1,5 °C sans un niveau de conservation de 30 % de la biodiversité.

Les scientifiques disent également qu’il s’agit du minimum nécessaire pour maintenir les systèmes naturels essentiels à la vie humaine, de l’eau propre à la pollinisation des cultures.

Le Canada a quatre cibles principales à cette COP15. Il souhaite un accord pour arrêter et inverser la perte de biodiversité d’ici 2030, pour protéger au moins 30 % des terres et des océans dans le même laps de temps, pour financer les pays en développement de manière adéquate afin de leur permettre d’atteindre les mêmes objectifs, et pour inclure la participation des Autochtones.

Mme Schwartz, de l’organisme SNAP, demeurait optimiste, vendredi. « La planète en a besoin. Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à attendre. »

Plus de 190 pays sont présents d’une façon ou d’une autre à cette conférence, qui se déroule jusqu’au 19 décembre au Palais des congrès de Montréal.