(Montréal) Ottawa s’engage à protéger le « champ des monarques », un vaste espace vert dont la fauche par Aéroports de Montréal, en juin, avait soulevé la controverse.

« C’est mon intention de le faire », a déclaré le ministre de l’Environnement et du Changement climatique Steven Guilbeault, vendredi matin, rappelant que le gouvernement fédéral a lancé en novembre une consultation en vue d’inscrire l’emblématique papillon et deux autres pollinisateurs sur la liste des espèces en péril, ce qui obligera Ottawa à protéger son habitat.

J’aurai des leviers supplémentaires pour protéger le monarque et son habitat au cours des prochains mois.

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique

Le champ des monarques est un espace vert de 20 hectares situé au nord des pistes d’atterrissage de l’aéroport Montréal-Trudeau ; le terrain appartient au gouvernement fédéral, qui le loue à Aéroports de Montréal.

On y trouve notamment de l’asclépiade en abondance, une plante qui constitue la seule et unique source d’alimentation des chenilles du papillon monarque, mais aussi d’autres plantes à fleurs prisées des pollinisateurs et une multitude d’espèces animales, notamment aviaires.

En pleine période de nidification, en juin, Aéroports de Montréal avait fait faucher le champ, s’attirant un tollé de critiques et entraînant le déclenchement d’une enquête du ministère fédéral de l’Environnement et du Changement climatique.

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Le monarque figure sur la Liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature, et une sous-espèce, le monarque migrateur, y est classée en voie de disparition.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), qui avait catégorisé le monarque comme espèce préoccupante en 1997, a recommandé en 2016 de faire passer son statut à celui d’espèce en voie de disparition.

« On s’attend à un geste concret d’Ottawa »

Des élus montréalais de tous les paliers de gouvernements ont d’ailleurs réitéré vendredi matin, juste avant la sortie du ministre Guilbeault, leur appel à protéger le champ des monarques.

« Plus de 26 résolutions municipales et deux gels de zones humides ont été adoptés pour assurer la protection à perpétuité de ces terres fédérales afin d’augmenter leur valeur écologique », a rappelé Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, où se trouve le champ des monarques.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent

Je n’ai jamais vu une telle unanimité sur une proposition et je demande au gouvernement fédéral de reconnaître ces terres comme un parc fédéral.

Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent

« On s’attend à un geste concret de la part d’Ottawa, et ce, devant la communauté internationale », a renchéri la députée solidaire de Verdun, Alejandra Zaga Mendez, affirmant que les milieux humides urbains sont « des oasis pour la biodiversité ».

« Préserver l’intégrité des terrains humides entourant l’aéroport de Montréal n’est plus une option, mais notre devoir afin de protéger la riche biodiversité qui s’y retrouve », a déclaré Marwah Rizqy, députée libérale provinciale de Saint-Laurent.

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    Nombre de plants d’asclépiade fauchés en juin dans le champ des monarques
    source : Technoparc OISEAUX