(Montréal) L’humanité doit cesser de « faire la guerre à la nature », a averti mardi à Montréal le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, à l’ouverture de la 15Conférence sur la biodiversité (COP15).

« Nous traitons la nature comme des toilettes », a-t-il imagé, évoquant les pesticides, les produits chimiques et les plastiques qui empoisonnent les terres, l’eau et l’air.

« La nature est notre système de soutien à la vie » et sa destruction a un coût qui se mesure par des pertes d’emplois, des maladies, la faim et des morts, a-t-il rappelé.

« Cette conférence est notre chance de mettre fin à cette orgie de destruction », a lancé M. Guterres, appelant à la conclusion d’un cadre mondial sur la biodiversité « audacieux ».

Ce cadre doit s’attaquer aux moteurs du déclin de la biodiversité que sont le changement d’utilisation des terres et des mers, la surexploitation des espèces, les changements climatiques et la pollution, mais aussi à ses causes sous-jacentes, comme les subventions nuisibles, les investissements mal orientés et les systèmes alimentaires non durables, a-t-il détaillé.

L’humanité doit assumer la responsabilité des dommages qu’elle a causés et prendre les mesures nécessaires pour les réparer, a-t-il dit en français, rappelant qu’« il n’y a pas de planète B ».

Il est temps de conclure un traité de paix avec la nature.

António Guterres, secrétaire général des Nations unies

« Tout à fait faisable »

Le déclin actuel de la biodiversité impose d’agir « comme jamais auparavant », a lancé aux délégués réunis devant lui le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, qui a commencé son allocution en soulignant l’anniversaire de la tuerie de Polytechnique et nommé les 14 femmes tuées il y a 33 ans.

« Ce n’est pas le temps de se demander s’il faut être ambitieux, c’est le temps de dire comment on va le faire », a-t-il dit, reprenant le sujet de la biodiversité.

Justin Trudeau a notamment souligné l’importance de protéger 30 % des terres et des mers de la planète d’ici 2030 pour « éviter les risques d’extinction [et] assurer notre sécurité ».

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Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau

Cet objectif, que tenteront d’adopter les délégués au cours des deux prochaines semaines, « n’a pas été choisi au hasard », a insisté le premier ministre.

30 %, c’est tout à fait faisable.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Personne n’y arrivera seul, a-t-il toutefois prévenu, estimant que la communauté internationale a une obligation de résultat.

« Nos citoyens comptent sur nous », a-t-il conclu.

Les grands accords peuvent avoir de grands effets, a illustré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en rappelant la signature, en 1985, du Protocole de Montréal pour la protection de la couche d’ozone.

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La mairesse de Montréal, Valérie Plante

« Les scientifiques estiment qu’elle sera complètement rétablie de notre vivant », a-t-elle souligné aux délégués des 196 pays parties à la Convention sur la diversité biologique réunis dans la métropole.

« On peut aussi le faire pour la biodiversité, leur a-t-elle lancé. Vous avez l’occasion de répéter l’histoire. »

Pas une COP « ordinaire »

Les attentes sont très grandes envers cette COP15, qui a le mandat de définir l’action de la communauté internationale pour le reste de la décennie.

« On n’est pas ici pour une COP ordinaire », a convenu la Tanzanienne Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire générale du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, lors d’une conférence de presse plus tôt dans la journée.

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Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire générale du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique

Mais les négociateurs devront mettre de l’eau dans leur vin, a-t-elle prévenu, reconnaissant que les discussions des derniers jours du Groupe de travail à composition non limitée sur le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 n’ont pas permis autant de progrès que nécessaire.

« Il faudra suivre les consensus, sans bloquer », a-t-elle exhorté.

« Les deux prochaines semaines ne seront pas faciles », a convenu à ses côtés le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, évoquant des « points de vue différents » à réconcilier.

« La crise de la biodiversité requiert le même niveau d’efforts et d’actions que la crise climatique, et il n’y a pas de temps à perdre », a-t-il dit.

Le président de la conférence, le ministre chinois de l’Écologie et de l’Environnement, Huang Runqiu, a promis de « continuer à réduire les écarts entre les parties ».

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    Nombre de jours que doit durer la COP15, du 7 au 19 décembre, mais les prolongations sont fréquentes lors de telles conférences.
    source : Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique