(Charm el-Cheikh) De difficiles négociations reprennent samedi à la COP27 en Égypte, qui a été prolongée d’au moins une journée en l’absence d’accord sur plusieurs points contentieux, à commencer par le financement des dégâts climatiques subis par les pays en développement.

Les négociateurs de près de 200 pays réunis dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh devaient multiplier les réunions et les discussions bilatérales dans la nuit de vendredi à samedi pour tenter d’avancer sur les points les plus difficiles, comme le sort des énergies fossiles ou la compensation des dégâts déjà occasionnés par le changement climatique, les « pertes et dommages ».

La présidence égyptienne, critiquée pour le retard pris dans ces complexes négociations sur le climat sous l’égide de l’ONU, a promis vendredi — jour théorique de fin des négociations — de prendre les choses en main.

Sameh Choukri, président de cette COP27, a aussi pressé les parties à « passer à la vitesse supérieure » dans les négociations.

« Un accord n’est pas forcément à portée de main », a dit vendredi la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

« Les discussions doivent s’intensifier rapidement », a estimé Manuel Pulgar-Vidal, du WWF. « On ne peut pas se permettre d’avoir autant de sujets de négociation qui restent sans issue jusqu’à la prochaine COP. »

L’une des questions les plus complexes reste celle des « pertes et dommages », plus que jamais au centre des débats après les inondations historiques ayant frappé le Pakistan et le Nigeria, et pour lesquels les pays en développement réclament un fonds dédié.

Timides avancées

Sur ce point, de timides avancées ont cependant eu lieu.

Les « facilitateurs » de ce dossier au centre des frictions Nord-Sud ont publié une proposition de résolution sur la question, avec trois options, dont une actant le principe de création d’un fonds dont les mécanismes exacts de fonctionnement seront ensuite déterminés.

Option jugée vendredi acceptable « avec quelques changements » par Sherry Rehman, ministre pakistanaise du Changement climatique et présidente en exercice du puissant groupe de négociation G77+Chine, qui compte plus de 130 pays.

Les pays riches étaient depuis des années très réticents à l’idée d’un financement spécifique, mais l’Union européenne a fait une ouverture jeudi en acceptant le principe d’un « fonds de réponse aux pertes et dommages ».

Un accord assorti de conditions, notamment qu’il soit réservé aux « plus vulnérables » et ait une « base de contributeurs élargie ». En d’autres termes : incluant des pays émergents disposant de moyens conséquents comme la Chine.

Les Européens, appuyés par d’autres groupes, réclament dans le même temps la réaffirmation d’objectifs forts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

L’offre européenne a été saluée comme « une concession et une percée majeures » par Seve Paeniu, ministre des Finances du petit archipel pacifique de Tuvalu, menacé par la montée des eaux.

Mais ni la Chine ni les États-Unis n’ont fait connaître leur position dans l’immédiat.

Fossiles

L’avenir des énergies fossiles, dont l’utilisation depuis la révolution industrielle est essentiellement responsable du réchauffement de la planète, fait également l’objet de tractations intenses.

La COP26 de Glasgow en 2021 avait affiché pour la première fois l’objectif de réduire l’utilisation du charbon sans capture de CO2. Un objectif que certains pays souhaitent pousser plus loin en citant explicitement le pétrole et le gaz, ce qui suscite toutefois peu d’enthousiasme chez les pays producteurs.

Un projet de texte final publié par la présidence égyptienne ne marque pas d’avancées sur ce point, même s’il souligne pour la première fois la nécessité d’accélérer dans les énergies renouvelables.

Le document appelle en revanche « à poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C », se référant clairement aux objectifs de l’accord de Paris, que certains craignaient de voir édulcorés.

Pierre angulaire de la lutte contre le changement climatique, cet accord de 2015 vise à limiter le réchauffement de la planète « nettement en dessous de 2 °C » par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible à 1,5 °C.

Mais les engagements actuels des différents pays sont loin de permettre de tenir cet objectif. Selon les analyses de l’ONU, ils permettent au mieux de limiter le réchauffement à 2,4 °C d’ici la fin du siècle.