Le doux babil des génératrices est un bruit commun sur les chantiers de construction. Une entreprise manufacturière de Saint-Jean-sur-Richelieu veut changer ce paradigme, grâce aux batteries électriques.

« Sur un chantier, particulièrement au début des travaux, il n’y a pas de raccordement au réseau électrique », explique Miro Yaghi, président-directeur général de Termaco. Cette entreprise a placé plusieurs batteries électriques sur des chantiers montréalais, cette année. « Avoir une batterie qui remplace des génératrices diminue beaucoup le bruit et les émissions de gaz à effet de serre. Notre batterie est mobile, sur roues, pour qu’on puisse la recharger et aussi l’amener à l’endroit du chantier où on en a le plus besoin. On a même un chantier où elle est rechargée par des panneaux solaires. »

PHOTO FOURNIE PAR MIRO YAGHI

Miro Yaghi, président-directeur général de Termaco

Économique

La batterie TREE (réserve électrique d’énergie Termaco), qui se décline en versions allant de 100 à 1500 kWh, a été lancée à la fin de l’année dernière. Elle est écologique et... économique.

On a calculé qu’avec les économies de diesel pour les génératrices, on rentabilisait l’achat d’une batterie en deux ans.

Marco Lessard, président de Preco-MSE

Il a employé TREE cet été sur des chantiers à Vaudreuil et dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Autre avantage : cette batterie permet d’utiliser « les roulottes de chantier le soir et les pompes la nuit, ce qui souvent est impossible à cause des règlements municipaux limitant le bruit des génératrices », fait-il valoir.

Preco-MSE se spécialise dans la fondation profonde, ce qui signifie qu’elle est souvent parmi les premières sur un chantier. « Pour avoir une connexion à Hydro-Québec, ça peut prendre plusieurs mois », dit M. Lessard. Preco-MSE avait déjà fait l’expérience d’un chantier sans génératrices à la mine Raglan, dans le Nunavik, où des éoliennes permettent d’économiser des milliers de litres de diesel par année.

PHOTO FOURNIE PAR MIRO YAGHI

La batterie TREE avec ses panneaux solaires sur un chantier de Pomerleau

Pomerleau a également une batterie TREE dans des chantiers de la région montréalaise, avec des panneaux solaires pour la recharge. Mais l’entreprise préfère attendre plus de résultats avant de donner des entrevues à ce sujet.

Termaco existe depuis les années 1960. Au départ, elle se spécialisait dans la transformation du métal et a mis au point des batteries pour chariots élévateurs et centres de données, avant d’être vendue en 2015 à un groupe d’investisseurs québécois.

TREE sera aussi utilisée près des terrains de Tennis Canada au parc Jarry, à partir de la fin de septembre. « Les réseaux de télévision ont besoin d’une alimentation électrique très stable pour la rediffusion des matchs, dit M. Yaghi. Alors, des génératrices sont nécessaires. La batterie va remplacer la fonction de régulation du courant des génératrices. Ça va aussi les aider à réduire leur consommation de pointe, le reste de l’année. »

Voitures électriques

Un autre débouché des batteries de Termaco est la recharge de voitures électriques dans les immeubles comptant beaucoup de logements.

En Californie, il faudra éventuellement que les édifices de condos aient ce genre de batterie, qui peut être rechargée par panneau solaire. Et qui, surtout, permet d’assurer assez de courant pour que tout le monde recharge sa voiture en même temps le soir.

Miro Yaghi, président-directeur général de Termaco

« On voit déjà, dans certains quartiers au Québec, des limitations de la capacité du réseau électrique, si beaucoup de gens branchent leur voiture sur une borne de recharge rapide en même temps », dit M. Yaghi.

Au cours des récentes canicules en Californie, l’État a d’ailleurs demandé aux citoyens de ne pas recharger leurs voitures quand ils rentrent à la maison en fin de journée, lors du pic de la demande en climatisation.

La Norvège, le pays le plus avancé dans l’électrification du parc automobile, embrasse aussi les batteries pour pallier les limitations du réseau électrique. « C’est la seule solution pour les anciens édifices avec des entrées électriques limitées », explique Sture Portvik, directeur de la mobilité électrique à Oslo.

Verra-t-on des batteries remplacer les génératrices utilisées lors des pannes, fréquentes dans les Laurentides ? « Je ne pense pas qu’on y arrivera avant une vingtaine d’années, dit M. Yaghi. Il faudrait réduire le coût des batteries par un facteur de 10. »

Une version précédente de cet article indiquait erronément que Preco-MSE est une entreprise d'excavation.

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  • 11 %
    Proportion des émissions mondiales de GES liées à la construction d’édifices et d’infrastructures
    Source : WORLD GREEN BUILDING COUNCIL
    28 %
    Proportion des émissions mondiales de GES liées à l’exploitation d’édifices et d’infrastructures (chauffage, etc.)
    Source : WORLD GREEN BUILDING COUNCIL