La sécheresse et les incendies de forêt sont les catastrophes qui font la une des journaux en cette saison. Mais la Californie fait également face à la menace d’un autre type de calamité, qui pourrait toucher l’ensemble de l’État et causer plus de dommages économiques qu’un gros tremblement de terre sur la faille de San Andreas.

De nouvelles recherches menées par des climatologues ont révélé que le risque d’une super-tempête d’un mois, qui arroserait le nord et le sud de la Californie de pluie et de neige en quantités stupéfiantes, augmente rapidement en raison du réchauffement climatique causé par l’homme. Selon l’étude, chaque année, la probabilité qu’une telle tempête se produise est déjà d’environ 1 sur 50. Et cette probabilité ne cesse d’augmenter à mesure que nous rejetons des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

L’air plus chaud contient plus d’humidité, ce qui signifie que les rivières atmosphériques – ces tempêtes qui arrivent du Pacifique et sont parfois appelées « Pineapple Express » – peuvent transporter de plus grandes quantités de précipitations.

La Californie a déjà été frappée par des tempêtes géantes alimentées par des rivières atmosphériques. Une tempête particulièrement dévastatrice, survenue en 1861-1862, a transformé la Central Valley en mer intérieure.

Sacramento avait été si gravement inondé que le gouverneur Leland Stanford avait dû se rendre en barque à sa cérémonie d’investiture en janvier 1862, selon le Sacramento History Museum. La législature de l’État avait également déménagé temporairement à San Francisco.

Depuis, l’État a endigué ses rivières et construit des voies de contournement pour éloigner les eaux de crue des centres de population. Si cette tempête du XIXe siècle frappait aujourd’hui, toutes ces infrastructures réduiraient les risques de destruction. Cependant, l’État est aussi beaucoup plus développé – avec des villes plus grandes, des exploitations agricoles et des entreprises de plus grande valeur, et une population beaucoup plus nombreuse –, ce qui signifie que les conséquences pourraient encore être importantes.

INFOGRAPHIE LA PRESSE, SOURCE THE NEW YORK TIMES

Le bon, et le moins bon, côté des préparatifs

S’il y a une bonne nouvelle à signaler dans tout cela, c’est que de nombreux planificateurs et décideurs sont conscients des risques. Le département des Ressources en eau prévoit utiliser les nouvelles découvertes scientifiques pour mettre à jour les plans d’inondation de l’État. Avec l’aide de superordinateurs, il établira une carte détaillée de l’écoulement de toutes ces précipitations dans les cours d’eau et sur les terres.

La Californie s’efforce également de renforcer les digues dans les zones urbaines des vallées de Sacramento et de San Joaquin pour assurer une protection contre les tempêtes survenant tous les 200 ans, c’est-à-dire celles qui ont 0,5 % de chances de se produire une année donnée.

Il y a un revers à la médaille, toutefois, à savoir que le risque d’inondation est devenu une chose à laquelle de nombreux Californiens ne pensent jamais en raison de tous ces préparatifs.

D’un certain point de vue, c’est un progrès : la plupart d’entre nous ont mieux à faire chaque jour que de s’inquiéter de la colère de la nature. Mais il y a aussi des dangers à ne pas penser que l’on vit dans une zone dangereuse. Vous pouvez ignorer les ordres d’évacuation, minimiser les prévisions de tempête, refuser une assurance contre les inondations.

« Lorsque le gouvernement s’occupe de ces digues, la plupart des propriétaires ont bon espoir que nous faisons ce qu’il faut et qu’ils peuvent placer leurs économies dans une maison en toute sécurité », a affirmé Ricardo Pineda, un ingénieur retraité de l’État, alors que nous visitions récemment les ouvrages de gestion des inondations de Sacramento.

« Ils aiment promener leurs chiens sur la digue, a-t-il ajouté. [Mais] sont-ils préparés aux conséquences économiques d’une inondation comme celle à La Nouvelle-Orléans ? »

À Lathrop, près de Stockton, la communauté planifiée River Islands se trouve dans une zone du fleuve San Joaquin qui a été terriblement inondée lors d’une tempête en 1997. Le promoteur a construit des digues extra larges, sans utiliser de fonds publics, pour protéger les charmantes maisons et les rues bien rangées.

Susan Dell’Osso, présidente de River Islands Development, souligne que nombre de ses acheteurs étaient originaires de la Bay Area et posaient des questions pointues sur les écoles et la vie dans la Central Valley.

« Ils ne posent jamais de questions sur les inondations », a déclaré Mme Dell’Osso. Elle essaie de les éduquer à ce sujet, dit-elle. Mais « ils ne réalisent même pas, je pense, qu’il y a un risque ».

Cet article a d’abord été publié dans le New York Times

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