Au lendemain de sa rencontre téléphonique avec François Legault, la mairesse de Rouyn-Noranda Diane Dallaire a réclamé vendredi la nomination d’un « administrateur d’État » qui serait entièrement dédié à la gestion de la qualité de l’air.

« C’est une situation sans précédent pour Rouyn-Noranda. Les impacts sont majeurs sur la santé des citoyens, la santé environnementale et le développement de la ville de Rouyn-Noranda. La création d’un poste d’administrateur d’État nous assure que le dossier demeure en priorité au gouvernement et que tous les ministères se coordonnent plus efficacement pour le faire progresser », a expliqué Mme Dallaire dans un communiqué, vendredi.

L’élue ajoute que sa demande aurait reçu un « accueil favorable » du premier ministre. Au cabinet de François Legault, on indique que la demande de la mairesse « est pertinente ». « Nous réfléchissons à différents scénarios pour répondre à la demande de la mairesse et aux besoins de sa communauté. Nous ferons une annonce en temps et lieu », affirme l’attachée de presse, Nadia Talbot.

Diane Dallaire, qui réclame depuis plusieurs semaines un plan « ambitieux » pour améliorer la qualité de l’air à Rouyn-Noranda, affirme que « la situation actuelle requiert la prise en charge de tous les aspects par le gouvernement ».

« J’ai demandé au premier ministre que la Ville soit partie prenante des discussions à haut niveau. La santé des citoyens de Rouyn-Noranda n’est plus à prendre à la légère. Le gouvernement doit exercer une pression sur Glencore pour que l’entreprise vise l’atteinte des normes pour l’ensemble des métaux », a-t-elle poursuivi, en réitérant « l’importance d’agir immédiatement ».

Peu de détails avaient jusqu’ici filtré sur la nature des discussions en privé qu’ont eues la mairesse Dallaire et le premier ministre Legault. Ce dernier avait toutefois indiqué vouloir être à l’écoute des demandes de la Ville de Rouyn-Noranda.

Vers des plafonds quotidiens ?

La semaine dernière, lors d’une visite attendue à Rouyn-Noranda, le ministre de l’Environnement Benoit Charrette avait dit envisager d’instaurer des cibles intermédiaires et des plafonds quotidiens à Glencore, ainsi que des cibles pour les autres métaux.

Québec ne s’est toutefois pas formellement engagé jusqu’ici à ce que la Fonderie Horne respecte la norme québécoise pour les émissions d’arsenic. Jeudi, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a indiqué qu’Ottawa pourrait intervenir, en cas de besoin, dans le dossier. « On voit que le gouvernement du Québec est très saisi par cette affaire. Mais on a quand même la responsabilité de regarder dans nos propres champs de compétences si le gouvernement fédéral doit intervenir », a-t-il fait valoir.

Rappelons que les émissions de la Fonderie Horne génèrent des concentrations d’arsenic annuelles moyennes de 100 nanogrammes/mètre cube (ng/m3), ce qui est 33 fois supérieur à la norme québécoise, fixée à 3 ng/m3. L’ancien directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda, avait rencontré des représentants de la fonderie le 26 septembre 2019, avant de faire retirer d’un document qui devait être rendu public une annexe évoquant le lien entre les émissions d’arsenic et les cas de cancer dans la ville.

En réaction à la controverse qui a suivi dans les jours suivants, M. Legault avait affirmé que la Fonderie Horne devra établir un plan de réduction de ses émissions d’arsenic « à un niveau qui est sécuritaire pour la population » de Rouyn-Noranda, faute de quoi Québec pourrait ordonner sa fermeture.

La fonderie Horne est la seule fonderie de cuivre au Canada. Une étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), publiée au début du mois de juillet, avait révélé que sur une période de 70 ans, entre un et 14 citoyens de Rouyn-Noranda développeraient un cancer si l’entreprise Glencore ne diminue pas la concentration d’arsenic dans l’air produit par la fonderie.

Qui plus est, le gouvernement est au courant depuis plusieurs années qu’une situation dangereuse devait être corrigée. En 2004, dans un rapport intitulé « Avis sur l’arsenic dans l’air ambiant à Rouyn-Noranda », le ministère de l’Environnement souligne que « la population a été exposée à des émissions qui ont parfois atteint 1000 nanogrammes/mètre 3, donc 330 fois plus élevées que la norme provinciale actuelle ».

Avec La Presse Canadienne