(Québec) Le maire de Québec a annoncé jeudi l’ajout de plusieurs nouveaux capteurs pour mesurer la qualité de l’air en Basse-Ville. Bruno Marchand se défend de lancer une énième étude sur cette question épineuse et jure qu’il est prêt à mettre tout son poids politique dans la balance.

« Les gens parlent de soupe [toxique] dans Limoilou. On va aller voir s’il y a une soupe et de quoi elle est composée, et par où on commence nos actions », a déclaré M. Marchand en conférence de presse à l’hôtel de ville. « On va être courageux. Si c’est l’incinérateur, on ne se cachera pas. Et le Port de Québec ne se cachera pas. Personne dans ce projet n’a la volonté de se cacher. »

L’annonce de jeudi prévoit une collaboration entre la Ville, le ministère de l’Environnement (MELCC) et le Port de Québec. La municipalité va déployer trois stations d’échantillonnage de la qualité de l’air autour du quartier Limoilou. Le MELCC va ajouter une station de surveillance dans Limoilou et le Port va partager les données de ses deux stations existantes.

À l’heure actuelle, une seule station du MELCC partage ses données sur la qualité de l’air en Basse-Ville. D’ici quelques mois, il y en aura donc huit.

« Pour les citoyens, c’est vraiment une grande nouvelle. On va être capables de savoir avec des faits, des capteurs de haut niveau, des données publiques… Jamais dans l’histoire de la Ville on n’est allés là », a dit le maire.

Les données seront donc disponibles au public dès cet automne suivant un délai de traitement, sur une application ou un site internet. Le but : dresser le plus précis diagnostic jamais dressé sur la qualité de l’air en Basse-Ville de Québec, près des activités de l’incinérateur de déchets, de l’usine White Birch et du Port de Québec.

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE QUÉBEC

Les nouvelles stations seront installées en bordure du quartier Limoilou, à Québec.

Ensuite, le maire promet de tirer les conclusions qui s’imposent. Il s’attend à la collaboration du Port et du MELCC. « Personne ici ne veut se couvrir le derrière », dit-il. « Mais si les partenaires décident de ne pas collaborer, vous allez voir que la pression va rentrer par camions », a ajouté M. Marchand.

Trois études attendues

La mise en place de ce réseau d’analyse de la qualité de l’air survient après la décision du gouvernement du Québec de hausser grandement la norme maximale de particules de nickel dans l’air. Ce choix du gouvernement de François Legault a des impacts importants en Basse-Ville, car le Port fait le transbordement de ce minerai critique à la transition énergétique.

Le ministre de l’Environnement s’est défendu de procéder à l’envers, soit de hausser la norme alors que le portrait exact de l’air en Basse-Ville n’est pas encore connu. « Il ne faut pas mélanger les dossiers », a répondu lors de la conférence de presse Benoit Charette.

« Là, on parle d’un portrait de la qualité de l’air en général. Pour le nickel, la démarche d’évaluation a eu lieu sur plusieurs années. »

En plus de cette analyse inédite, deux autres études sur la qualité de l’air en Basse-Ville de Québec sont attendues. Le MELCC a promis, devant la grogne suscitée par la hausse de la norme nickel, de former un groupe d’étude indépendant. Le Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques doit présenter son rapport au ministre au plus tard le 1er décembre 2022.

La Santé publique de la Capitale-Nationale mène aussi le projet Mon environnement, ma santé, qui doit faire des recommandations pour améliorer la qualité de l’air en Basse-Ville.

Le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Claude Villeneuve, a salué ces « nouvelles qui vont dans la bonne direction ». « Ça va permettre de parfaire les connaissances sur la qualité de l’air dans Limoilou. En espérant qu’on puisse identifier leur provenance », a noté le chef de Québec d’abord.

Mais du même souffle, il se demande si cette démarche accouchera d’améliorations tangibles. Il rappelle que le ministère de l’Environnement lui-même a admis avoir de la difficulté à identifier les sources d’émissions lorsque la norme nickel est dépassée.

« Lors du plénier en janvier, on nous a dit : quand il y a des dépassements, on ne sait pas à qui donner le ticket ! », rappelle l’élu.

Le député solidaire de Jean-Lesage, qui regroupe notamment les quartiers Limoilou, Maizerets et le secteur Beauport, a de nouveau demandé au ministre Charette de « revenir sur sa décision de hausser la norme de nickel ».

Sol Zanetti dit espérer que « l’ajout de ces stations ne soit pas une fin en soi, mais un moyen de s’assurer que l’air que l’on respire n’est pas un danger pour notre santé ».