L’appétit d’Hydro-Québec pour de nouveaux mégawatts suscite la convoitise des municipalités québécoises, qui veulent se lancer dans la production d’énergie renouvelable pour réduire leur dépendance aux revenus fonciers et attirer de nouvelles entreprises.

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) annoncera ce mardi la mise sur pied d’un comité qui explorera les possibilités s’offrant aux villes et villages en matière de production et de récupération d’énergie.

« On veut regrouper les efforts, partager l’expertise », explique en entrevue avec La Presse Daniel Côté, président de l’UMQ et maire de Gaspé, qui cite l’intérêt généré par la participation d’organismes municipaux dans des projets de production d’énergie éolienne dans l’est du Québec.

Car en plus de percevoir des redevances sur l’énergie produite sur leur territoire, les municipalités peuvent être partenaires dans un projet de production et en tirer des revenus.

À Gaspé, la Ville tire environ 3 % de ses revenus annuels de sa participation dans différents parcs éoliens, illustre Daniel Côté.

Ce n’est pas une solution miracle, mais « c’est quand même intéressant », estime-t-il.

Produisons de l’énergie renouvelable et contribuons à la lutte contre les changements climatiques tout en faisant de l’argent !

Daniel Côté, Union des municipalités du Québec

Avoir accès à une source locale d’énergie renouvelable est un « facteur attractif d’investissements », affirme l’UMQ, puisqu’elle permet d’attirer des entreprises elles-mêmes soucieuses de réduire leur empreinte carbone.

Potentiel inexploité

Les nouveaux contrats d’exportations d’Hydro-Québec et une nouvelle mentalité au sein de la société d’État ouvrent de nouvelles possibilités pour les municipalités en matière de production d’énergie, estime Daniel Côté.

« Pendant des années, Hydro-Québec nous parlait de surplus énergétiques et ne voulait pas avoir de nouvelle énergie sur son réseau, mais le discours a changé, il y a de la place pour de la nouvelle énergie sur le réseau, donc il y a un timing pour nous », dit-il.

Les municipalités entendent bien en profiter, d’autant plus que le potentiel inexploité est immense.

De la biomasse forestière qui n’est pas revalorisée aux biogaz des sites d’enfouissement qui sont simplement brûlés dans une torchère, « il y a de l’énergie qu’on gaspille actuellement », dit Daniel Côté.

Il y a un « engouement » pour la biométhanisation des matières organiques qui sont encore largement envoyées à l’enfouissement, dit-il, mais c’est l’intérêt pour l’éolien qui domine toujours.

Les coûts de production de l’énergie éolienne sont devenus plus bas que ceux de [la nouvelle] hydroélectricité ; l’éolien est devenu la forme d’énergie la plus compétitive dans les dernières années.

Daniel Côté, Union des municipalités du Québec

L’énergie solaire, très peu répandue au Québec, est aussi appelée à se développer, estime l’UMQ, soulignant que l’insolation journalière moyenne dans le sud de la province se situe entre 4,2 et 5 kilowattheures par mètre carré (kWh/m⁠2), ce qui est supérieur à celle de l’Allemagne, « chef de file du marché mondial de l’énergie solaire photovoltaïque ».

Récupérer l’énergie

En plus de produire de l’énergie, les municipalités s’intéressent à la récupération de celle qu’on gaspille.

« Au Québec, environ 40 % de l’énergie consommée par les grandes industries est gaspillée », affirme l’UMQ.

Les « rejets thermiques », par exemple la chaleur rejetée dans l’environnement par des équipements ou des bâtiments, représentent donc une importante source d’énergie.

La Ville de Rimouski l’a compris en récupérant la chaleur générée par les compresseurs qui refroidissent la patinoire de son centre sportif pour chauffer l’eau de la piscine située dans le même bâtiment, illustre Daniel Côté.

L’UMQ aimerait aussi que les municipalités puissent produire de l’énergie autre qu’électrique, comme des biocarburants, de l’hydrogène vert ou du gaz naturel « renouvelable », c’est-à-dire produit à partir de matières organiques ou de biomasse.

Il faudrait pour cela modifier la Loi sur les compétences municipales, qui limite selon l’UMQ la production d’énergie par les municipalités à la production d’électricité provenant de sources renouvelables.

Comme pour l’électricité, la production locale des autres types d’énergie est plus avantageuse, croit Daniel Côté.

« Plus on rapproche la source d’énergie du consommateur, plus c’est probant, dit-il. On élimine des enjeux et les coûts de transport de l’énergie. »

En savoir plus
  • 50 %
    Cible québécoise de réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au chauffage des bâtiments, d’ici 2030
    source : Plan pour une économie verte du gouvernement québécois