(Montréal) La fonction respiratoire des adultes est affectée même par de faibles concentrations de pollution de l’air extérieur, révèle une nouvelle étude montréalaise qui s’est penchée sur la situation au Canada.

Souvent associée à des endroits où la pollution de l’air est forte, la prévalence de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) s’avère également élevée dans les populations exposées à long terme à la pollution atmosphérique au pays, a constaté l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM).

« On est considéré comme un pays où les concentrations de polluants sont faibles, mais on a vu que des participants qui étaient exposés à une moyenne annuelle de 7 microgrammes par mètre cube d’air (µg/m3) en était atteints », a expliqué à La Presse Dany Doiron, associé de recherche de l’IR-CUSM et coauteur de l’étude.

À titre comparatif, le taux de particules fines dans l’air de New Dehli, en Inde, est de 113,5 µg/m3, indique-t-il.

L’étude met ainsi en lumière « qu’il n’y a pas vraiment de niveau sécuritaire pour la pollution atmosphérique », indique M. Doiron, soulignant que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a abaissé en septembre dernier de 10 à 5 µg/m3 ses lignes directrices concernant la pollution atmosphérique.

« Nous avons vu que de petites augmentations de la pollution atmosphérique par les particules fines et le dioxyde d’azote entraînaient des diminutions notables sur le plan clinique de la fonction respiratoire », explique le DJean Bourbeau, professeur au département de médecine de l’Université McGill et auteur principal de l’étude.

Cette étude, publiée dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, est la première à examiner ces associations dans la population canadienne.

Poumons vulnérables

Les chercheurs ont aussi découvert que la vulnérabilité d’une personne aux problèmes pulmonaires peut être plus grande chez les gens ayant des poumons « dysanaptiques », c’est-à-dire des poumons dont le développement n’a pas été proportionnel à celui des voies respiratoires.

Les personnes ayant des voies respiratoires plus petites étaient 87 % plus susceptibles de développer une maladie pulmonaire obstructive chronique que les personnes ayant des voies respiratoires plus larges, ont-ils constaté.

C’est la première fois qu’il est démontré que « des différences dans la structure des poumons, qui apparaissent tôt dans la vie, augmentent la susceptibilité aux effets nocifs de la pollution atmosphérique plus tard dans la vie », explique Dany Doiron.

D’autres études ont démontré que l’exposition à la pollution atmosphérique pendant l’enfance a des effets négatifs sur le développement pulmonaire, souligne le chercheur, évoquant un cercle vicieux.

« Il faut continuer à mettre plus d’emphase sur la réduction des concentrations de polluant de l’air ambiant », conclut Dany Doiron, qui estime que la réduction des gaz à effet de serre (GES) qui s’impose pour freiner le réchauffement climatique aura ainsi des effets bénéfiques pour la santé.

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  • 1500
    nombre de personnes ayant participé à l’étude, dans neuf villes, dont Montréal et Québec
    source : Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill