Le GIEC dévoilera lundi un rapport attendu portant sur les mesures d’atténuation des changements climatiques. Cette feuille de route doit indiquer la voie à suivre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone. Aperçu des défis à venir.

Un autre rapport du GIEC ?

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Centrale d’énergie au charbon dans le nord de la Chine

Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) publie lundi la troisième partie de son sixième rapport d’évaluation. Ce nouveau rapport porte sur les mesures d’atténuation des changements climatiques. On y retrouvera, en quelque sorte, le plus récent mode d’emploi pour limiter le réchauffement planétaire à 2 ℃ et, idéalement, à 1,5 ℃. Or, si la tendance se maintient, la planète se dirige plutôt vers un réchauffement moyen de 2,7 ℃ d’ici la fin du siècle.

Une voie de plus en plus étroite

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Avenue congestionnée à Berlin, en Allemagne, le mois dernier

Plus le temps passe, plus la « fenêtre d’opportunité » permettant d’atteindre les objectifs de 2015 de l’accord de Paris se referme. Cette année-là, les émissions de gaz à effet de serre (GES) totalisaient 40,2 milliards de tonnes et la concentration de CO2 dans l’atmosphère pointait à 400,91 parties par million (ppm). Sept ans plus tard, le portrait s’est aggravé.

Recul de courte durée

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La rue Saint-Denis, à Montréal, désertée pendant le confinement du printemps 2020

Le recul des émissions globales de GES en 2020, à 38 milliards de tonnes, n’aura été que de courte durée. Avec la reprise de l’activité économique mondiale en 2021, les émissions du secteur de l’énergie ont totalisé à elles seules 36,3 milliards de tonnes.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Concentration de CO2 dans l’atmosphère

Selon le Global Carbon Project, un regroupement international de scientifiques, 2021 devrait se rapprocher du record absolu de 2019, où les émissions avaient totalisé 40,5 milliards de tonnes.

45 %

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Ensablement de maisons au pourtour de la ville d’Ambovombe, à Madagascar

Selon le GIEC, il faudrait réduire nos émissions de GES de 45 % d’ici 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5 ℃. En réalité, il faut plutôt s’attendre à une hausse de 16 % des émissions d’ici la fin de la décennie en tenant compte de tous les engagements soumis au Sommet de Glasgow, en novembre dernier.

420,49 ppm

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Lahore, au Pakistan, sous le smog en février 2021

C’était la concentration de CO2 dans l’atmosphère terrestre, le 29 mars dernier. Cette unité de mesure, parties par million (ppm), indique le nombre de molécules de CO2 pour chaque million de molécules d’air. Or, plus la concentration est élevée, plus les températures sur Terre augmentent.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Émissions globales de CO2 d’origine humaine

Depuis 800 000 ans, la concentration de CO2 n’avait jamais dépassé les 300 ppm, estime la NASA. Cette barrière a été franchie au début du XXsiècle et n’a cessé d’être repoussée depuis. Les scientifiques ont calculé qu’au cours des 60 dernières années, le taux d’augmentation du dioxyde de carbone atmosphérique était 1000 fois plus rapide que les augmentations naturelles survenues à la fin de la dernière période glaciaire.

450 ppm

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La mégapole Mexico enveloppée d’un nuage persistant de particules fines

En 2014, le GIEC avait estimé à 450 ppm la limite à ne pas franchir afin de limiter le réchauffement à 2 ℃. Le 14 février dernier, la station de Mauna Loa, à Hawaii, a relevé une concentration de 421,59 ppm, un niveau comparable à celui qui prévalait il y a entre 4,1 et 4,5 millions d’années, selon la National Oceanic and Atmospheric Administratration (NOAA). Depuis 1750, le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a augmenté de 49 %.

Un budget carbone à respecter

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Une partie du glacier du Rhône, en Suisse, recouvert d’une bâche isolante pour tenter de freiner sa fonte, en octobre dernier

Qu’est-ce qu’un budget carbone ? Comme n’importe quel budget, l’exercice permet de fixer le niveau de dépenses à ne pas dépasser, faute de quoi il sera déficitaire. Le budget carbone détermine la quantité de GES qui peut être envoyée dans l’atmosphère en fonction des cibles fixées par l’accord de Paris.

Cible de 1,5 ℃

Pour limiter le réchauffement à 1,5 ℃, le monde dispose de 420 milliards de tonnes de GES à dépenser, avec 50 % de chances d’atteindre cet objectif, selon les dernières estimations du Global Carbon Project. Au rythme actuel des émissions mondiales, ce budget serait épuisé dans 11 ans.

Cible de 2 ℃

Pour limiter le réchauffement à 2 ℃, le monde dispose de 1270 milliards de tonnes de GES à dépenser, avec 50 % de chances de réussite. Au rythme actuel, ce budget serait épuisé dans 32 ans.

Des solutions ?

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Élevage de bétail sur les restes d’une forêt tropicale dans l’État de Mato Grosso, au Brésil

En plus de la transition énergétique, le GIEC a déjà annoncé qu’une partie de son rapport sera consacrée à la technologie. Les « choix comportementaux et modes de vie au niveau individuel et sociétal seront aussi abordés ». À ce sujet, une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Leeds, au Royaume-Uni, a permis de cibler quelques changements au mode de vie occidental qui permettraient de réduire les émissions mondiales de GES de 25 %. Six changements ont été ciblés :

  1. Réduire sa consommation de viande le plus possible.
  2. Acheter seulement trois nouveaux articles vestimentaires chaque année.
  3. Conserver ses appareils électroniques au moins sept ans.
  4. Prendre l’avion pour un vol court (trois heures et moins) une fois tous les trois ans et pour un vol long, une fois tous les huit ans.
  5. Si possible, se passer de voiture, sinon, conserver son véhicule plus longtemps.
  6. Effectuer un changement « systématique », par exemple, modifier son fonds de retraite pour ne plus investir dans les énergies fossiles, revoir l’isolation de son domicile ou son système de chauffage s’il fonctionne au mazout ou au gaz.

Sources : GIEC, Global Carbon Project, Our World in Data, The Guardian, Agence France-Presse