(Lima) Douchés avec de l’eau sous très haute pression, hydratés grâce à de petits tuyaux et régulièrement alimentés : plusieurs dizaines d’oiseaux marins, dont onze manchots de Humboldt, victimes de la marée noire sur les côtes centrales du Pérou, retrouvent peu à peu des forces dans un zoo péruvien.  

La fuite de pétrole a eu lieu le 15 janvier lors d’un transfert de brut d’un navire-citerne vers une raffinerie de la côte, à 30 km de Lima. Poussé par les courants, le pétrole s’est répandu par la suite vers le nord, sur une distance de 140 km, tuant des centaines d’oiseaux marins.  

Les opérations de sauvetage ont permis de récupérer 150 oiseaux, mais la moitié a péri par la suite. Ceux qui ont survécu sont soignés au zoo du Parc des légendes à Lima.  

Chaque animal est baigné pendant deux heures et demie. Puis leur plumage est nettoyé avec de l’eau sous très haute pression et du liquide vaisselle. Ils sont ensuite séchés. Il faut aussi les réhydrater en leur injectant de l’eau dans le bec grâce à des seringues ou des petits tuyaux.

Certains oiseaux n’ont pas été directement touchés par le brut, mais ils se nourrissent de poissons contaminés et meurent intoxiqués, souligne le Service national des aires naturelles protégées (Sernanp).

« Les plumes peuvent être propres, sans tache de pétrole, mais [ce dernier] peut entrer par le bec et affecter, à travers le système digestif, le foie », explique le vétérinaire Giancarlo Inga Diaz, du Sernanp.

Concernant les 11 manchots, « depuis qu’ils sont arrivés, c’est un sujet de grande préoccupation, car il s’agit d’une espèce très menacée », explique la biologiste Giovanna Yépez, une des gérantes du zoo.  

Selon la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), Spheniscus humboldti, un manchot noir et blanc d’environ 50 centimètres et typique des côtes péruviennes et chiliennes, est classé comme espèce « vulnérable ».  

Les manchots de Humboldt, qui chasse le poisson en mer, peuvent rester sous l’eau quinze minutes. Au Pérou, 9000 individus vivent sur les côtes dont les eaux froides sont riches en nutriments grâce au courant de Humboldt qui remonte depuis l’Antarctique.  

« C’est une espèce très résistante, ils ont supporté le problème de l’hydrocarbure », constate Giovanna Yépez, en précisant que le zoo veille à les nourrir des mêmes petits poissons qu’ils trouvent en mer.  

« Pour la plupart, ils mangent désormais trois fois plus. Je pense qu’avec les manchots nous sommes sur le bon chemin, ils sont propres désormais et ils doivent maintenant attendre de récupérer l’imperméabilité de leurs plumes pour pouvoir être libérés », explique-t-elle.