(Stockholm) La figure de la lutte contre le changement climatique, Greta Thunberg, ne compte pas se rendre à la grande conférence climat COP26 de Glasgow en novembre pour protester contre les inégalités d’accès aux vaccins entre pays riches et pauvres, a-t-elle déclaré vendredi à l’AFP.

« Du fait de la distribution extrêmement inéquitable des vaccins, je ne me rendrai pas à la conférence de la COP26 si la situation continue comme aujourd’hui », a dit la militante suédoise.

La jeune femme, qui a fêté ses 18 ans début janvier, a appelé le gouvernement britannique à repousser de nouveau la COP26, déjà reportée une première fois à cause de la situation sanitaire, si les inégalités vaccinales entre pays ne permettaient pas un accès égal des participants et des militants.

La figure du mouvement « Fridays for Future » et des grèves de l’école pour le climat a appelé les pays riches à partager leurs doses avec les populations à risques dans les pays pauvres « plutôt que de vacciner des jeunes en bonne santé ».

« Si ce n’est pas possible, je suggère de repousser [la COP26] pour que tout le monde puisse y participer dans les mêmes conditions », a-t-elle dit à l’AFP, confirmant une information de la BBC.

« Les inégalités [entre les pays riches et pauvres] face à la crise climatique sont un sujet si criant, que cela ne ferait qu’approfondir cet aspect » si la COP26 était maintenue à cette date, a-t-elle plaidé.

« À pied d’égalité »

Reportée d’un an à cause du coronavirus, la 26e Conférence des Parties des Nations unies sur le changement climatique doit se dérouler du 1er au 12 novembre à Glasgow, en Écosse, pour tenter de répondre à l’urgence climatique.

Alors que le sujet a été largement éclipsé par la pandémie, la COP26 est vue comme une des occasions de remettre le sujet climatique sur le devant de la scène.

L’absence de Greta Thunberg, qui milite pour des objectifs immédiats et rapides de réduction des émissions de gaz à effet de serre plutôt que des horizons à 10 ou 30 ans, ferait figure de revers.

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Greta Thunberg a livré une allocution lors de la COP25 organisée à Madrid, en décembre 2019.

La jeune Suédoise n’exclut toutefois pas d’inverser sa décision si l’inégalité vaccinale s’améliore, a-t-elle souligné. « Bien sûr j’adorerais participer à la COP26, mais seulement si tout le monde est à pied d’égalité », a-t-elle dit.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne cesse d’alerter sur les risques sanitaires posés par les rythmes différents de vaccination entre pays riches et pauvres, appelant à réduire le « nationalisme vaccinal ».  

Au moins 708,4 millions de doses de vaccins anti-COVID-19 ont été administrées dans le monde, selon un comptage réalisé jeudi par l’AFP à partir de source officielle.  

Mais de fortes inégalités subsistent entre pays à « revenu élevé », qui concentrent près de la moitié des doses administrées, et pays à « faible revenu », où n’ont été administrées que 0,1 % des doses.

L’Afrique demeure « en marge », avec seulement « 2 % des vaccins administrés dans le monde », a déploré jeudi la directrice pour l’Afrique de l’OMS Matshidiso Moeti. Amnistie internationale a dénoncé le « quasi-monopole » des pays riches sur les vaccins.