Les effets des changements climatiques sont bien réels dans le golfe du Saint-Laurent, où le réchauffement des eaux a entraîné une baisse spectaculaire du niveau d’oxygène au cours des 50 dernières années.

C’est l’un des constats présentés jeudi par la biologiste Marjolaine Blais, de l’Institut Maurice-Lamontagne, affilié à Pêches et Océans Canada.

Pour les années 2019 et 2020, de nouveaux records de faibles concentrations d’oxygène ont été enregistrés à 300 mètres de profondeur dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.

« Depuis 1970, les concentrations d’oxygène ont diminué de plus de 50 % », signale d’ailleurs Marjolaine Blais, spécialisée en sciences aquatiques.

Pendant la même période, la température de l’eau a augmenté de 1,6 °C dans le golfe du Saint-Laurent. Or, les eaux qui se réchauffent contiennent moins d’oxygène.

Conséquences pour plusieurs espèces

Cette baisse d’oxygène risque d’avoir des conséquences importantes pour plusieurs espèces, comme la morue, le turbot et la crevette nordique. « On a une teneur en oxygène qui est très problématique, affirme Mme Blais. Il n’y en a pas assez, ce qui risque d’amener des changements dans l’aire de distribution de plusieurs espèces. »

À terme, par exemple, le crabe des neiges, qui apprécie les eaux froides, pourrait migrer encore plus au nord.

Les impacts pourraient aussi être catastrophiques pour la morue, dont la surpêche a mené l’espèce au bord de l’extinction.

Chaque année, depuis 1998, Pêches et Océans Canada évalue les conditions biochimiques dans le golfe du Saint-Laurent grâce au Programme de monitorage de la zone atlantique.

Ces analyses permettent également de faire le bilan de santé des nutriments et des planctons disponibles.

Diminution du plancton

Le constat n’est guère plus réjouissant pour ce que l’on considère comme le premier maillon de la chaîne alimentaire. Selon les derniers relevés, la biomasse de phytoplancton et de zooplancton a diminué dans une proportion de 15 % à 40 % au cours des 10 dernières années.

On n’a pas encore établi avec certitude la cause de ce phénomène que l’on observe depuis quelques années, mais l’hypothèse la plus probable demeure le réchauffement des eaux, avance Mme Blais.

Le zooplancton serait le plus touché par le réchauffement.

Selon la biologiste, cette diminution du plancton affecte de nombreux maillons de la chaîne alimentaire marine, au premier chef les plus petits poissons qui dépendent de cette biomasse.

Ces deux menaces, baisse de l’oxygène et baisse du plancton, risquent de provoquer des changements importants dans la biodiversité du golfe du Saint-Laurent.

Les concentrations d’oxygène dans les océans diminuent partout sur la planète. Un groupe international de scientifiques avait d’ailleurs sonné l’alarme à ce sujet dans un article paru dans la revue Nature en 2018.