(Montréal) Une étude récente révèle que les émissions annuelles de méthane s’échappant des puits de pétrole et de gaz abandonnés ont été grandement sous-estimées au Canada et aux États-Unis.

L’étude de l’Université McGill conclut qu’actuellement, ces puits seraient aux dixième et onzième rangs des principales sources d’émissions de méthane causées par les activités humaines dans les deux pays.

Le méthane contribue davantage au réchauffement de la planète que le dioxyde de carbone.

Mary Kang, auteure en chef de l’étude et professeure adjointe au Département de génie civil de l’Université McGill, signale qu’il est difficile d’estimer le volume total des émissions de méthane attribuables aux puits abandonnés en raison du manque d’information sur le nombre de puits et sur les quantités de méthane qu’ils laissent échapper, selon qu’ils aient été bien obturés ou non. De nombreuses compagnies n’existent plus, ce qui complique la recherche d’information sur les puits.

Les chercheurs ont analysé les bases de données de 47 États, provinces et territoires, ainsi que des articles de recherche et des répertoires nationaux de puits forés et actifs aux États-Unis et au Canada. Ils ont estimé à plus de quatre millions le nombre de puits abandonnés aux États-Unis, parmi lesquels au-delà de 500 000 ne sont pas répertoriés par les organismes étatiques concernés.

Au Canada, les archives de l’Association canadienne des producteurs pétroliers ne remontent qu’à 1955, alors que des documents historiques confirment que l’exploitation pétrolière et gazière a commencé dans les années 1850. D’après les sources consultées par les chercheurs, le Canada compterait au-delà de 370 000 puits abandonnés, dont plus de 60 000 ne sont pas consignés.

Aux États-Unis, les cinq scénarios révèlent des émissions annuelles environ 20 % supérieures aux estimations de l’Environmental Protection Agency des États-Unis pour 2018. Au Canada, les résultats indiquent que les émissions de méthane seraient près de trois fois supérieures aux estimations d’Environnement et Changement climatique Canada pour 2018.

Mary Kang signale qu’au fur et à mesure que les sociétés tourneront le dos aux combustibles fossiles, des millions de puits de pétrole et de gaz seront abandonnés partout dans le monde et qu’il sera important de déterminer les répercussions de ces puits sur le climat, l’air, l’eau et l’environnement en général.

L’article des trois chercheurs a été publié dans Environmental Science and Technology. Leurs travaux ont été financés par le Fonds de recherche du Québec et deux bourses de l’Université McGill.