(Lahore) Lahore au Pakistan était mercredi la ville avec l’air le plus pollué au monde, au grand dam de la population qui pousse les autorités à enfin s’attaquer au problème.

Le taux de particules fines PM2,5, les plus dangereuses, était mercredi matin à Lahore de 348 microgrammes par mètre cube d’air(μg/ m3), selon le réseau spécialisé AirVisual, soit 23 fois le niveau recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

« Les enfants ont des maladies respiratoires […] Bon sang, trouvez une solution », a déclaré Muhammad Saeed, un ouvrier agricole, à l’adresse des autorités.

Depuis quelques années, le smog atteint des niveaux préoccupants dès octobre au Pakistan. Comme en Inde voisine, la chute des températures accompagnée de vents faibles plaque au sol la pollution, issue de brûlis agricoles et d’émissions industrielles ou automobiles, générant problèmes respiratoires et cardiaques.

Lahore, deuxième plus grande ville pakistanaise avec plus de 11 millions d’habitants, et capitale de la région du Pendjab près de la frontière avec l’Inde, figure régulièrement parmi les plus polluées au monde.

D’après Air Visual, le Pakistan était en 2020 le deuxième pays au monde pour sa pollution atmosphérique-derrière le Bangladesh mais devant l’Inde - et Lahore la 18e ville à l’air le plus vicié.

La population pakistanaise a commencé à prendre conscience de la situation. PakistanAirQuality (PAQ), une initiative citoyenne visant à pallier le manque de données officielles dans le pays, a été lancée en 2016.

Des purificateurs à bas coût ont été fabriqués, diverses initiatives menées et des actions en justice contre l’administration lancées. Mais les autorités ont tardé à réagir, accusant l’Inde de provoquer le smog ou contestant les chiffres de la pollution.

« Nous sommes pauvres, nous ne pouvons même pas nous permettre de payer le docteur », a relevé Ikram Ahmed, un commerçant.

« On peut seulement supplier (les autorités) de contrôler la pollution. Je ne suis pas une personne instruite, mais j’ai lu que Lahore a la plus mauvaise qualité de l’air devant New Delhi. Si ça continue ainsi, nous mourrons », a-t-il prédit.

« Avant, j’avais l’habitude d’aller (me balader) avec mes enfants, mais maintenant je ne les laisse plus sortir avec moi », a repris Muhammad Saeed.  

« Il y a des usines et des petites industries qui marchent ici. Soit il faut les mettre ailleurs et les indemniser, soit leur donner une technologie plus moderne, pour qu’on puisse se débarrasser de ce smog », a-t-il ajouté.