L’ambition climatique affichée par la communauté internationale à Glasgow est encore insuffisante, estime le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault.

« Personne ne peut crier victoire ici, loin de là », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse en fin de journée, vendredi (heure locale), alors que les pourparlers se poursuivent pour en arriver à une entente sur le texte final de la 26e conférence des Nations unies sur le climat (COP26).

« Le Canada continue de faire pression pour un texte ambitieux avec d’autres membres du High Ambition Coalition [Coalition pour une ambition élevée] », a déclaré le ministre Guilbeault.

Les discussions entourant l’article 6 de l’Accord de Paris, qui doit encadrer les échanges de réductions d’émissions entre les pays, continuent de susciter l’inquiétude, notamment du ministre Guilbeault, qui souhaite des règles « robustes » et « transparentes ».

Il souligne que le Canada n’a pas l’intention de se servir de ce mécanisme « à court terme », puisque toutes les réductions de GES prévues seront réalisées par des mesures « domestiques », mais reconnaît qu’il est d’un grand intérêt pour certains pays.

C’est [l’article 6] dans l’Accord de Paris et nous sommes de ceux qui pensons qu’il faut finaliser les règles sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Cela étant, il ne faut pas faire ça à n’importe quel prix.

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique

Les groupes écologistes dénoncent que la version actuelle du texte contient des échappatoires qui permettraient la double comptabilisation des réductions d’émissions de gaz à effet de serre (GES), permettant ainsi d’éviter une réelle diminution.

La « folie » des énergies fossiles

Les discussions achoppent également au sujet des subventions aux industries des énergies fossiles, que les États-Unis ont vertement critiquées, vendredi.

« C’est la définition même de la folie », a déclaré l’émissaire étatsunien John Kerry au sujet des milliers de milliards de dollars versés à ce secteur dans les « cinq ou six dernières années ».

Nous sommes le premier producteur de pétrole et de gaz au monde. Nous participons à ces subventions, a-t-il ajouté. Ces subventions doivent s’arrêter ».

John Kerry, émissaire des États-Unis pour le climat

Un rapport publié vendredi critique « l’écart alarmant » qui sépare les promesses des actions dans le domaine des énergies fossiles de cinq pays riches, le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Norvège et l’Australie.

Le document, intitulé les « Cinq carburants aux fossiles » [Fossil fuelled 5, en anglais], relève notamment que le Canada, qui promet d’augmenter sa tarification sur le carbone, a tout de même versé quelque 17 milliards de dollars en fonds publics à trois projets d’oléoduc entre 2018 et 2020.

Steven Guilbeault réitère que le Canada mettra fin « à toutes les subventions qui permettent d’augmenter la production de combustibles fossiles » en 2023, deux ans avant ses partenaires du Groupe des Vingt (G20).

« Authentique appréciation »

La COP26 a permis à Ottawa de regagner ses lettres de noblesse en matière climatique, estime le ministre Guilbeault, qui s’est réjoui de « l’authentique appréciation du travail du Canada » par la communauté internationale.

« Quand le Canada, avec l’une des quatre principales réserves de pétrole et de gaz au monde, s’engage à plafonner les émissions de ce secteur au niveau actuel, le monde en prend note », a-t-il illustré.

Le ministre Guilbeault estime que l’augmentation « ambitieuse » d’ici 2030 de la tarification canadienne sur le carbone a permis au Canada de se positionner en chef de file sur la question.

« Notre action nationale en matière de tarification de la pollution est ce qui a permis au premier ministre Trudeau de proposer un objectif mondial ambitieux consistant à tripler la quantité d’émissions couvertes par la tarification carbone, de 20 % actuellement à 60 % en 2030 », a-t-il déclaré.

La COP26 n’est qu’une étape, a-t-il assuré : « Personne ne pense que le travail sera terminé une fois que les lumières seront fermées, ici, à Glasgow ».

avec l’Agence France-Presse