De Kahnawake à Glasgow en passant par le mont Royal, des dizaines de milliers de personnes partout sur la planète se sont rassemblées samedi, au moment même où se terminait la première semaine des travaux de la COP26, pour exiger une plus grande justice climatique.

À Glasgow, sous les assauts du vent et de la pluie, environ 100 000 personnes se sont réunies samedi, formant un cortège joyeux au son des cornemuses et des tambours. À la tête du défilé, une délégation de la communauté mohawk de Kahnawake – au sud de Montréal – ouvrait le chemin. La manifestation avait lieu alors même que se déroulaient les travaux de la 26e conférence sur le climat.

« C’est tellement évident que les personnes autochtones ont les réponses, qu’eux, [les leaders], vont devoir commencer à écouter et à réfléchir [en ayant à l’esprit] sept générations d’avance, pas seulement les besoins immédiats », a affirmé Karahkwintha, 23 ans, au journal anglais The Guardian.

« On est là pour mettre les voix des Autochtones au premier plan de la crise climatique », a aussi déclaré Ohontsakahte, autre membre de Kahnawake, âgé de 26 ans.

Une militante ougandaise, Vanessa Nakate, a résumé l’injustice climatique à l’Agence France-Presse en rappelant que l’Afrique n’était responsable que de 3 % des émissions de gaz à effet de serre. Or, en Ouganda, le réchauffement provoque déjà des sécheresses, des inondations et des glissements de terrain, a-t-elle dénoncé.

Le slogan « Mondialisons la lutte ! Mondialisons l’espoir ! » se répercutait sous forme de questions et de réponses dans la foule, a décrit le Washington Post. Dans son discours, la poétesse et militante Kathy Jetnil-Kijiner, originaire des îles Marshall, État insulaire menacé par la montée des eaux, a assené : « Laissez-moi vous dire que nous allons survivre à la crise climatique. Nous ne nous noyons pas, nous combattons. »

Militantisme ou diplomatie ?

En fin de journée samedi, la jeune militante emblématique Greta Thunberg a affirmé sur Twitter que cette marche envoyait un signal fort aux dirigeants assemblés à la COP26. « Nos soi-disant “leaders” ne mènent pas – CECI, c’est ce à quoi le leadership ressemble », a-t-elle gazouillé. La veille, elle avait assené que la COP26 était un échec.

Néanmoins, des experts ont affirmé au Washington Post que les négociations des sommets des Nations unies sur le climat avaient un impact réel sur les prévisions climatiques. Lors de l’accord de Paris, signé en 2015, les Nations unies prévoyaient que la température sur Terre se réchaufferait de 4 °C d’ici 2100. Aujourd’hui, ces prévisions sont de 2,7 °C, un chiffre toujours catastrophique et très éloigné de la cible de 1,5 °C énoncée dans l’accord de Paris.

  • Manifestation pour le climat dans les rues de Glasgow, en Écosse

    PHOTO JANE BARLOW, ASSOCIATED PRESS

    Manifestation pour le climat dans les rues de Glasgow, en Écosse

  • Manifestation pour le climat dans les rues de Dublin, en Irlande

    PHOTO DAMIEN STORAN, ASSOCIATED PRESS

    Manifestation pour le climat dans les rues de Dublin, en Irlande

  • Manifestation pour le climat dans les rues de Paris, en France

    PHOTO FRANÇOIS MORI, ASSOCIATED PRESS

    Manifestation pour le climat dans les rues de Paris, en France

  • Manifestation pour le climat dans les rues de Séoul, en Corée du Sud

    PHOTO HEO RAN, REUTERS

    Manifestation pour le climat dans les rues de Séoul, en Corée du Sud

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

Royaume-Uni, France, Australie, Belgique, Philippines, Corée du Sud, Indonésie, Pays-Bas : des mobilisations ont eu lieu dans plusieurs pays du monde samedi.

« Je veux vivre »

Sous un ciel clair à Montréal, plus de 300 manifestants ont formé une chaîne humaine au pied du mont Royal samedi, ruban vert à la main, pour appeler les gouvernements à en faire davantage dans la lutte contre les changements climatiques.

L’évènement organisé par les membres du Réseau intersyndical pour le climat (RIC) souhaitait rappeler au Canada qu’il « ratera la cible » de réductions de gaz à effet de serre fixée dans l’accord de Paris sur le climat.

  • Personnes prenant part à la manifestation pour le climat tenue à Montréal

    PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

    Personnes prenant part à la manifestation pour le climat tenue à Montréal

  • Personnes prenant part à la manifestation pour le climat tenue à Montréal

    PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

    Personnes prenant part à la manifestation pour le climat tenue à Montréal

  • Personnes prenant part à la manifestation pour le climat tenue à Montréal

    PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

    Personnes prenant part à la manifestation pour le climat tenue à Montréal

  • Personnes prenant part à la manifestation pour le climat tenue à Montréal

    PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

    Personnes prenant part à la manifestation pour le climat tenue à Montréal

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

« On est à mi-chemin de la COP26 […] là où il y a 190 dirigeants mondiaux qui se pointent du doigt, qui font de beaux discours. Mais ce qu’on demande, ce sont des actions », a martelé Anne Dionne, vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec et porte-parole du RIC.

Stéphanie Cloutier participait au rassemblement en compagnie de ses deux filles. L’enseignante et déléguée syndicale s’est dite inquiète pour l’avenir de ses enfants et de ses élèves.

C’est important qu’on se mobilise, c’est la seule chose qu’on peut faire contre l’écoanxiété, je pense.

Stéphanie Cloutier, participante à la manifestation à Montréal

Prenant part à la mobilisation, le député néo-démocrate de Rosemont, Alexandre Boulerice, a dit ne pas sentir de volonté chez les libéraux de Justin Trudeau d’opérer un « virage radical ». Pour Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire, les rassemblements des dernières années ont amené le gouvernement Legault à parler d’environnement, contrairement à la dernière campagne électorale, rapportait La Presse Canadienne.

Les impacts des changements climatiques se font aussi sentir dans les salles de classe, a estimé Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeurs de Montréal. « On le voit depuis plusieurs années, quand on parle de canicule à la rentrée, de canicule à la fin de l’année », a-t-elle raconté.

La motivation de l’implication de Jonathan Provost dans la cause environnementale est simple. « Je veux vivre », a-t-il lancé d’emblée à La Presse. « Si nous, on ne le fait pas, personne ne va le faire. Surtout pas les personnes puissantes », a-t-il poursuivi.

« La vraie démocratie se passe dans les rues, pas au Parlement », a renchéri son ami Liam McMahon. « Nous ne pouvons pas laisser les politiciens s’en occuper », a-t-il conclu.