Le sommet des Nations unies sur le climat à Glasgow, en Écosse, s’est officiellement ouvert dimanche, après avoir été reporté d’un an en raison de la COVID-19.

Eddy Pérez, analyste principal des relations diplomatiques et gouvernementales du Réseau action climat Canada, raconte que la première journée de la COP26 s’est déroulée sous le signe de l’adaptation. Les restrictions sanitaires reliées à la COVID-19 limitent le nombre de personnes pouvant assister aux échanges.

« La convention [a] annoncé hier qu’il y avait à peu près plus de 50 000 participants enregistrés, alors que la salle en soi ne permet qu’à 10 000 personnes d’y être en même temps », a expliqué M. Pérez.

Selon Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques chez Équiterre, la COP26 sera l’un des sommets les plus inégaux de l’histoire des conférences sur le climat.

La situation vaccinale n’est pas du tout pareille partout dans le monde, le prix du logement a explosé en Écosse, il y a des problèmes de transport pour s’y rendre. [Le nombre limité de participants] fait aussi partie des problèmes d’organisation.

Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques chez Équiterre

« Tout ça va faire en sorte que de nombreux pays parmi les moins responsables des changements climatiques, mais parmi les plus touchés, n’enverront personne ou se limiteront à des délégations réduites », a ajouté M. Boisseau-Bouvier.

Rehausser les ambitions

Lors de ce sommet, qui durera deux semaines, les dirigeants devront faire une mise à jour sur les engagements qu’ils avaient pris dans le cadre de l’accord de Paris, en 2015, et devront rehausser leurs ambitions.

« Certains la qualifient comme la COP de la dernière chance. Le temps presse, et il faut que les dirigeants arrivent avec un réel rehaussement de l’ambition », a affirmé M. Boisseau-Bouvier.

Alors que s’ouvre la conférence sur le climat, un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale publié dimanche soutient que les sept dernières années s’annoncent comme les plus chaudes jamais enregistrées et que l’élévation du niveau de la mer atteint des valeurs records.

« Il est évident que nous sommes en pleine urgence climatique. Il est évident que nous devons y faire face. Il est évident que nous devons aider les plus vulnérables à y faire face. Pour y parvenir, il est aujourd’hui indispensable de faire preuve d’une grande ambition », a déclaré la secrétaire administrative de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, Patricia Espinosa, à l’ouverture officielle de la COP26, dimanche.

« La menace du climat demande des actions mondiales plus ambitieuses », a pour sa part écrit la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, dans un blogue. Elle a appelé « les économies avancées à réduire plus rapidement leurs émissions pour des raisons d’équité et de responsabilité historique ».

Mettre la table

Le sommet du G20 qui s’est tenu à Rome samedi et dimanche a mis la table pour la COP26. Dans cette rencontre, les dirigeants ont convenu pour la première fois par écrit qu’il serait préférable pour tout le monde de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C.

« Les dirigeants du G20 représentent à peu près 80 % du PIB mondial, mais environ 80 % des émissions mondiales aussi », a soutenu M. Boisseau-Bouvier.

Ils se sont également entendus sur la carboneutralité à partir de la moitié du siècle et ont reconnu que l’élimination progressive de l’utilisation du charbon et du méthane était essentielle à la lutte contre les changements climatiques.

Ils ont conclu un accord qui est malheureusement insuffisant à mes yeux, car il n’y a pas de date précise. Les dirigeants ont eu peur de prendre des mesures sérieuses et, malheureusement, ça met mal la table pour la COP26.

Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques chez Équiterre

Le Canada souhaitait que le sommet du G20 débouche sur un accord plus solide et plus ambitieux sur les changements climatiques, mais les dirigeants ont tout de même réussi à faire des progrès en s’engageant à régler certains problèmes clés, a déclaré dimanche le premier ministre Justin Trudeau.

Il affirme que le sommet a tout de même réussi à faire des « progrès significatifs » en reconnaissant que les pays devaient s’efforcer de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Justin Trudeau, premier ministre du Canada, lors d’une conférence de presse au sommet du G20

La plupart des dirigeants du G20, y compris M. Trudeau, se rendront à Glasgow ce lundi directement de Rome pour le début de la COP26.

Rôle du Canada

Eddy Pérez explique que les attentes sont grandes de la part du Réseau action climat Canada envers la COP26.

C’est certain que le Canada arrive en meilleure position, parce qu’il a été capable de mettre de l’avant un plan climatique. Il a doublé le financement climatique, mais ça demeure inadéquat.

Eddy Pérez, analyste principal des relations diplomatiques et gouvernementales du Réseau action climat Canada

M. Pérez estime que le Canada doit reconnaître qu’il n’en fait pas assez dans la lutte contre les changements climatiques et prendre davantage d’action en ce sens. « L’inaction, on l’a vue pendant ces 30 dernières années, et on est en train de vivre ses conséquences. La COP26 représente une occasion de responsabilisation » des États et des sociétés, a-t-il affirmé.

M. Boisseau-Bouvier ajoute que le Québec devra aussi rehausser ses ambitions dans le cadre de cette conférence.

Avec La Presse Canadienne et l’Agence France-Presse