(Edmonton) Les élus de l’Alberta mettent en garde le gouvernement libéral fédéral que la province doit être consultée avant qu’un plafond soit imposé sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’industrie pétrolière et gazière.

Le premier ministre albertain Jason Kenney et la cheffe de l’opposition Rachel Notley s’entendent pour dire que l’Alberta doit être présente à la table de discussions lorsqu’il sera question du plafonnement des émissions de GES.

« Je ne comprends pas pourquoi ils feraient une annonce comme celle-là sans consulter la province qui possède la très grande majorité des réserves de pétrole et de gaz du Canada », a commenté M. Kenney.

De son côté, la cheffe néo-démocrate en Alberta estime que si les libéraux fédéraux veulent imposer des plafonds, ils devraient le faire pour tous les secteurs qui émettent un grand volume de GES.

« Ils doivent inclure tous les secteurs dans la discussion », a-t-elle dit en ajoutant que « le gouvernement albertain doit être à la table pour défendre la meilleure entente possible pour l’Alberta. »

Dans son discours à la conférence mondiale sur le climat lundi, à Glasgow, en Écosse, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que le Canada allait imposer un plafond fixe sur les émissions de GES dans le secteur de l’énergie qui correspond environ au quart de toute la production de GES au pays.

M. Trudeau veut aller de l’avant pour remplir sa promesse électorale de plafonner ces émissions. La promesse des libéraux prévoit de limiter les émissions à leur niveau actuel, puis de diminuer lentement le plafond tous les cinq ans jusqu’à atteindre une production neutre en 2050. C’est essentiellement ce qu’il a répété.

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, et son collègue des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, ont formellement demandé, lundi, l’aide du Groupe consultatif pour la carboneutralité pour accompagner le gouvernement dans l’atteinte de cet objectif.

Jason Kenney assure que son gouvernement n’est pas nécessairement contre l’idée d’un plafond. Il existe déjà une limite d’émissions de 100 mégatonnes de GES dans l’industrie des sables bitumineux, mais cette limite n’a jamais été atteinte.

« On doit savoir quel sera le plafond. On est ouvert à la discussion au sujet de la limite proposée de 100 mégatonnes », a-t-il dit.

Mais de l’avis de M. Kenney, la meilleure stratégie pour Ottawa serait un transfert de 32 milliards à sa province pour soutenir des projets permettant de capter le carbone et de l’emmagasiner en vue de l’enfouir.

Chris Severson-Baker, de l’Institut Pembina, ajoute cependant un bémol à cette solution de captage qui n’aurait, selon lui, qu’un impact limité sur la réduction des émissions de l’industrie.

Par voie de communiqué, Tim McMillan de l’Association canadienne des producteurs pétroliers a commenté la déclaration de M. Trudeau en admettant que de telles politiques puissent aider l’industrie à réduire ses émissions totales de carbone.

Selon lui, le monde aura besoin de gaz naturel et de pétrole dont la production émet moins de GES. « Avec de bonnes politiques environnementales, le Canada peut nous positionner comme des fournisseurs mondiaux prisés », a-t-il soutenu.

De récentes études indiquent que le Canada serait déjà l’État qui subventionne le plus l’industrie pétrolière et gazière au sein du G20. Les libéraux fédéraux et les agences fédérales ont promis de freiner ces subventions.