Que devrait-on faire de plus au Québec pour lutter contre les changements climatiques ? Alors que la COP26 sur le climat commence ce dimanche, de nombreux lecteurs ont répondu à l’appel de La Presse. Nous avons retenu diverses propositions, que nous avons regroupées par thématiques. Voici un aperçu.

Les plus inattendues

« On ne se le cachera pas, le plus gros obstacle est politique. Les éventuelles mesures qui permettront d’avoir un impact majeur sur les changements climatiques ne feront élire aucun gouvernement. Ne devrait-on pas créer une entité politique qui puisse avoir une certaine indépendance vis-à-vis du gouvernement en place et avoir du poids dans les projets de loi ? Je pense que l’urgence d’agir mérite cette réflexion. »

Bruce Lohéac

« Pour mieux comprendre les enjeux liés au réchauffement climatique, tous, y compris les décideurs, devraient visionner l’excellent documentaire de David Attenborough sur Netflix Notre planète a ses limites. Ça m’a remué ! »

Yvan Daigle

Taxes, voitures et VUS

« Nous pourrions commencer à mettre fin à la relative gratuité de l’usage automobile dans l’espace public. Par exemple, plus d’espaces de stationnement devraient avoir un prix. Autre exemple, l’usage de bien des routes et autoroutes au Québec ne devrait plus être totalement gratuit. »

Martin Bergeron

« Commençons par le parc automobile. On devrait augmenter le prix des plaques d’immatriculation des gros pollueurs VUS, camions légers, de 30 à 40 %, et ce, immédiatement. »

Gaston Veilleux

« Pour montrer le sérieux du Québec et du Canada en environnement, nous devrions taxer fortement l’achat de tout VUS. Il est temps de renverser la tendance d’achat de ces gros VUS qui, souvent, n’ont qu’un seul passager. Ils occupent aussi beaucoup d’espace sur nos routes et aires de stationnement. Ce serait un geste très fort dont le message serait hautement publicisé dans le monde. »

Jean-Claude Brisson

« Comme pour les publicités sur le tabac, interdire les publicités sur les voitures à essence, particulièrement sur les VUS. »

Liliane Raduly

La richesse

« Les riches, avec leur chalet, leurs bébelles à moteur, etc., ont un impact énorme en comparaison des gens ordinaires. Tu veux une deuxième maison ? Tu paies la totale sur une taxe écologique pour te permettre d’avoir un impact environnemental doublé. La richesse matérielle est incompatible avec l’environnement. »

Charles Thibault

« Quand je me regarde agir et surtout quand je regarde les compagnies agir, je constate que le pouvoir de l’argent domine largement la situation. En tant que consommateur, j’ai malheureusement de la difficulté à payer plus cher pour un produit écologique. Comme les approches écoresponsables sont presque toujours plus coûteuses, il n’est donc pas surprenant que nos activités soient si polluantes. Il me semble donc que si on arrive à rendre les solutions polluantes plus coûteuses (avec des taxes, par exemple), on pourrait faire beaucoup de changement. »

Jean-François Gervais

La consommation de viande

« Quand j’étais petit, les catholiques nous disaient de ne pas manger de viande le vendredi. Pour aider la planète, il faut maintenant manger de la viande juste le vendredi. »

Johnny Filion

« Changer notre modèle agricole (la réglementation et le financement). Produire moins de viande. Manger moins de viande. Faire moins de monocultures. »

Félix Légaré

« Selon moi, il faudrait taxer les biens en lien avec les émissions de GES que leur production génère. Par exemple, il pourrait y avoir une taxe spéciale sur la consommation de bœuf, puisque la production de bœuf est responsable de 8,5 % des émissions de GES. Et ainsi de suite pour les VUS, les vêtements, etc. Cette taxe irait dans un fonds spécial pour financer des projets reliés au développement durable. » [L’élevage de bétail est responsable de 14,5 % des GES dans le monde. Les émissions de l’élevage de bovins représentent 74 % de ce total.]

Pierre Dagenais

Plantation d’arbres et déforestation

« Je crois que l’enjeu de la déforestation est important au Canada. On reboise en monoculture, ce qui est une erreur, et on brise les sols avec leur biodiversité lors des coupes. Il n’y a que 10 % de ce qui est planté qui survit. »

Michel Dubé

« Limiter et cesser le déboisement causé par l’étalement urbain. C’est aberrant, le nombre de boisés qui ont disparu à Saint-Jérôme depuis plusieurs années. C’est ahurissant, le manque de vision éco-environnementale des services d’urbanisme et de plusieurs élus. C’est irresponsable de laisser autant de place aux promoteurs immobiliers. »

René Gauvin

« Cesser de couper des arbres partout, surtout dans les villes de banlieue. En Angleterre, par exemple, on laisse vivre des arbres pendant des siècles. Ici, on parle de stocks vieillissants quand des arbres ont 50-60 ans. Les gens trouvent que les gros arbres, c’est trop de trouble. C’est un peu triste. Or, pour combattre les îlots de chaleur et réduire la consommation d’énergie liée à la climatisation, rien ne bat un arbre mature. »

Sylvia Fredericks

Étalement urbain

« L’étalement urbain est un gros problème dans toutes les grandes villes du Québec. Si on prend l’exemple de Saint-Lin, qui n’est pas incluse dans le Grand Montréal, elle peut développer sa ville comme elle veut sans respecter les contraintes des villes incluses dans le Grand Montréal. En plus, elle a des problèmes à fournir l’eau à tous les citoyens, tellement la construction est intense. »

Claude Meunier

« Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec (MELCC) doit mériter son nom et refuser avec force toutes les formes insidieuses de demandes de dérogation à ses nouveaux règlements de protection de l’environnement : forêts et milieux humides. Bref, le MELCC doit mettre un frein immédiat à la course actuelle à l’étalement urbain dans toutes ses municipalités. »

Nicole Milette

« Limiter l’étalement urbain et méditer sur la phrase suivante : “Celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste.” »

Guy Lefebvre

Mode de vie et consommation

« Je pense qu’il faut écouter les experts comme ceux du Shift Project qui prône une sobriété à tous les niveaux. La première chose à faire est de mesurer rapidement tous les objets et les activités en termes d’émissions. Par exemple, un frigo émet du carbone lors de l’extraction des matières premières, sa construction, son transport, etc. Il faut rapidement augmenter le prix du carbone et faire en sorte que tous nos achats soient comparables en termes de prix. Cela aidera le consommateur à faire des choix (et réduira les dépendances à la Chine ou d’autres pays pollueurs). »

Louka Méthot

« Il faut aussi revoir nos valeurs sociétales et notre consommation à outrance afin de prioriser notre survie comme espèce, car la planète va survivre malgré nous et sans nous. »

Michel Laplante

« Le temps presse. Ceux qui nous suivent vont nous le reprocher. Il faut avoir une nouvelle façon de vivre, moins consommer. Arrêter d’acheter pour rien, arrêter de se regarder le nombril. »

Claude Beaudoin

Les messages ont été édités dans un souci de concision.