Un pays, un seul, a un plan climat compatible avec la cible de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Les autres ont des feuilles de route qui mèneraient à des hausses plus importantes. Parmi eux, les grands émetteurs et quelques cancres seront particulièrement sous pression à la COP26. Aperçu.

États-Unis

PHOTO NICHOLAS KAMM, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président américain Joe Biden

La COP26 sera la première conférence des Nations unies sur le climat depuis que Donald Trump a quitté la présidence états-unienne, relève Eddy Pérez, du Réseau Action Climat Canada. Il s’attend à ce que le président Joe Biden veuille marquer les esprits. « Les États-Unis vont vouloir marquer des points, ils sont en rattrapage », dit-il, soulignant que le pays, deuxième émetteur mondial, possède une grande capacité d’influence.

Estimation de l’effet des engagements annoncés sur la température moyenne en 2100

+ 2 ºC à + 3 ºC

Engagements insuffisants

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Impact des engagements annoncés

Chine

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Une centrale électrique au charbon à Nankin, capitale de la province du Jiangsu, dans l'est de la Chine, le 27 septembre

La Chine, premier émetteur mondial, fait évidemment l’objet d’attentes élevées. « Elle ne peut plus se cacher derrière le fait qu’elle est un pays en développement », dit Annie Chaloux, de l’Université de Sherbrooke. Le président Xi Jinping a annoncé en septembre, devant l’Assemblée générale des Nations unies, que la Chine cessera de construire des centrales électriques au charbon à l’étranger, mais des mesures plus ambitieuses sont attendues.

Estimation

+ 3 ºC à + 4 ºC

Engagements hautement insuffisants

Inde

PHOTO GAUTAM DEY, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des travailleurs s'affairent à remplir un camion de charbon, à Jharia, dans le nord-est de l'Inde, l'un des plus riches gisements de charbon du pays, le 14 octobre.

L’Inde mise toujours pour sa part sur le développement du charbon et « tarde à mettre en place des politiques structurantes », constate Annie Chaloux. New Delhi n’a d’ailleurs pas présenté de nouvelles cibles de réduction cette année, tel que le prévoit l’accord de Paris, mais pourrait le faire à Glasgow. Eddy Pérez estime que l’Inde doit notamment rehausser ses « cibles inconditionnelles » d’émissions, par opposition aux réductions conditionnelles à du financement international.

Estimation

+ 3 ºC à + 4 ºC

Engagements hautement insuffisants

Russie

PHOTO ALEXEI DRUZHININ, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le président russe, Vladimir Poutine

Longtemps associée au camp des inactifs climatiques, la Russie semble maintenant vouloir agir. Le président Vladimir Poutine a annoncé ce mois-ci que son pays, quatrième émetteur mondial et important producteur d’hydrocarbures, visait la carboneutralité pour 2060, comme la Chine. Moscou serait en train de préparer une stratégie environnementale plus musclée, incluant l’abandon progressif du charbon comme source d’électricité, selon le quotidien Kommersant.

Estimation

+ 4 ºC à + 5 ºC

Engagements sérieusement insuffisants

Brésil

PHOTO ANDRE PENNER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Incendie de forêt dans l'Amazonie brésilienne, près de Novo Progresso, dans l'État de Para, en août 2020. La déforestation en Amazonie atteint des records ces dernières années.

Les regards seront aussi tournés vers le Brésil, qui « n’écoute personne sur les changements climatiques » et qui connaît une « déforestation assez terrible », affirme Eddy Pérez. « On s’attend à ce que les chefs d’État [et de gouvernement] s’engagent à s’attaquer à la déforestation et qu’il y ait des discussions sur le rehaussement du financement de la nature », dit-il.

Estimation

+ 3 ºC à + 4 ºC

Engagements hautement insuffisants

Australie

PHOTO ROB GRIFFITH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Une mine de charbon près de Narrabri, dans l'ouest de la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie

Un peu plus bas dans les listes des pays émetteurs de gaz à effet de serre, l’Australie est tout de même « le dernier des pays avancés qui affiche très peu d’ambition [climatique] », affirme Eddy Pérez, évoquant l’intérêt de Canberra pour le charbon et sa faible contribution au financement climatique. « C’est notre Stephen Harper d’il y a quelques années », ajoute Annie Chaloux, rappelant que l’ancien premier ministre canadien ne s’est pas démarqué par ses politiques climatiques.

Estimation

+ 3 ºC à + 4 ºC

Engagements hautement insuffisants

Gambie

PHOTO ESKINDER DEBEBE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le président de la Gambie, Adama Barrow, s'exprime par visioconférence, lors de la 75e session de l'Assemblée générale des Nations unies, 
à New York, en septembre 2020.

La Gambie, petit pays africain pratiquement enclavé dans le Sénégal, est le seul des 191 États faisant partie de l’accord de Paris qui affiche un plan compatible avec l’objectif de limitation de la hausse de la température mondiale à 1,5 °C, selon une analyse de l’organisation scientifique indépendante Climate Action Tracker. Eddy Pérez voit une « grande ironie » dans le fait qu’un pays doté de peu de moyens en fasse beaucoup plus que des pays comme le Canada.

Estimation

0 ºC à + 1 ºC

Engagements compatibles avec l’Accord de Paris

46 %

des émissions mondiales de GES sont produites par le trio formé par les États-Unis, la Chine et l’Union européenne

3 %

Les 100 pays émettant le moins de GES totalisent ensemble 3 % des émissions mondiales

Source : Climate Watch