(Québec) Le gouvernement Legault a condamné, mercredi, l’examen environnemental fédéral qui se poursuit sur le projet Énergie Saguenay, un projet rejeté par le Québec.

L’évaluation fédérale est « tout à fait contre-intuitive », a dit le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, au cours d’un débat pour les pleins pouvoirs du Québec en matière environnementale.

Estimé à plus de 10 milliards, le projet Énergie Saguenay de GNL Québec consiste en une usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay assortie d’un long gazoduc pour l’approvisionner, mais il a peu de chances de voir le jour.

Son évaluation par le fédéral est « contre-productive » et « remet en question la pleine autorité du gouvernement du Québec concernant des projets sur son territoire », a poursuivi le ministre, dans un débat en Chambre en après-midi.

L’été dernier, le gouvernement caquiste avait annoncé qu’il refusait d’émettre les autorisations environnementales requises pour ce projet controversé, mais on apprenait en septembre dans Le Devoir que l’Agence d’évaluation d’impact du Canada poursuivait son étude, à la demande du promoteur.

Un rapport a été publié le 22 septembre dernier.

Pourtant, en mars, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), responsable des évaluations au Québec, avait déjà publié un rapport dévastateur sur le projet, après des consultations qui avaient enregistré une participation record.

La somme des risques du projet controversé de complexe de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay dépasse largement ses avantages, concluait le rapport.

Le gouvernement Legault, plutôt favorable au projet, avait alors pris ses distances.

L’entreprise n’a pas réussi à démontrer que l’opinion publique était favorable, que le projet servirait à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde et qu’il permettrait d’accélérer la transition vers des énergies propres, trois conditions définies par le gouvernement, avait dit M. Charette.

Le promoteur soutient plutôt que le bilan carbone sera positif parce que son énergie servira de substitut à des énergies plus polluantes à l’étranger. Mais le BAPE affirme plutôt que les émissions de GES associées à l’approvisionnement en gaz naturel en amont ne permettent pas de confirmer ce bilan positif.

Motion

Le débat de mercredi portait sur une motion du Parti québécois (PQ) réclamant les pleins pouvoirs du Québec en matière environnementale. Elle demande aussi le transfert au Québec des sommes du budget fédéral réservées à la lutte aux changements climatiques sur le territoire québécois.

Évènement rare, le gouvernement caquiste, soit le ministre Benoit Charette, a dit qu’il allait voter en faveur de cette motion de l’opposition. La motion a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale.

Rappelons que le gouvernement Legault avait déjà défendu son point de vue contre Ottawa lors des consultations sur le projet de loi C-69, qui visait à moderniser le régime d’évaluation du fédéral.