(Ottawa) Le Canada et l’Allemagne ont réalisé « de grands progrès » pour convaincre les pays riches à donner plus d’argent pour aider les nations plus pauvres à lutter contre les changements climatiques, a déclaré vendredi le ministre de l’Environnement Jonathan Wilkinson.

M. Wilkinson est en Italie cette semaine pour les discussions visant à établir l’ordre du jour final de la conférence des Nations Unies sur le climat de 2021, connue sous le nom de COP26, qui se déroulera le mois prochain à Glasgow, en Écosse.

Les pourparlers portaient notamment sur l’établissement d’une échéance pour les signataires de l’accord de Paris sur le climat pour présenter des plans plus ambitieux pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, alors que le temps presse pour ralentir les changements climatiques avant qu’ils ne deviennent irréversibles.

S’il est important d’établir des plans, il est aussi crucial de prévoir le financement pour les mettre en place.

Il y a plus de 10 ans, les pays les plus riches avaient accepté de collecter 100 milliards US par année d’ici 2020 afin d’aider les nations en voie de développement à s’adapter et à lutter contre les effets des changements climatiques.

Les pays les plus développés du monde sont responsables de la grande majorité des émissions qui provoquent actuellement un réchauffement de la planète à des taux insoutenables, tandis que les économies les moins développées sont les moins responsables des changements climatiques et ne peuvent pas se permettre d’agir seules.

L’OCDE a rapporté le mois dernier que les pays riches étaient en retard de plus de 20 milliards sur l’objectif de 100 milliards. M. Wilkinson et le secrétaire d’État allemand à l’environnement, Jochen Flasbarth, ont convenu en juillet de mener une charge pour combler cet écart avant le début des pourparlers de la COP26.

« Je dirais que nous avons fait beaucoup de progrès et certainement l’Allemagne et le Canada travaillent très fort pour s’assurer que nous puissions et que nous respecterons l’engagement de 100 milliards de dollars », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse téléphonique depuis Milan vendredi après-midi.

M. Wilkinson a par la suite confirmé que bien qu’aucune nouvelle promesse monétaire n’ait été annoncée jusqu’à présent, plusieurs pays lui ont assuré qu’il y aurait de nouveaux engagements sont à venir.

Une partie de l’écart avait déjà été comblé avant les derniers efforts.

Lors du sommet des dirigeants du G7 en juin, le Canada a promis de doubler son financement, à environ un milliard de dollars canadiens par an pour les cinq prochaines années et l’Allemagne s’est engagée à augmenter sa contribution annuelle d’un tiers d’ici 2025, à plus de 7 milliards de dollars américains.

Le mois dernier, le président américain Joe Biden a déclaré qu’il doublerait la contribution américaine à 11,4 milliards de dollars d’ici 2024. Les États-Unis avaient annulé une grande partie de leur financement climatique sous l’ancien président Donald Trump, qui avait également retiré les États-Unis de l’accord de Paris.

M. Wilkinson a déclaré que le retour des États-Unis avait déjà fait « une énorme différence » et que l’engagement financier américain était « essentiel pour que nous puissions atteindre cet objectif de 100 milliards de dollars ».

Le responsable de la diplomatie climatique internationale au Réseau action climat, Eddy Pérez, a déclaré que la tâche sur laquelle le Canada et l’Allemagne se sont mis d’accord est une « énorme patate chaude » qui pourrait finalement faire ou défaire les négociations pour pousser le monde à faire plus et plus vite pour ralentir les changements climatiques.

MM. Wilkinson et Flasbarth ont l’intention de publier un rapport documentant ce qui a été promis et comment obtenir le reste, d’ici la troisième semaine d’octobre.

« Il n’est pas encore certain qu’ils seront en mesure de proposer un plan qui sera suffisamment crédible », a déclaré M. Pérez dans une entrevue avec La Presse Canadienne.

Les ministres de l’Environnement et du Climat du Costa Rica et de la Grenade ont affirmé dans un éditorial publié en juillet qu’atteindre les objectifs de financement climatique promis était le seul moyen pour des pays comme le leur d’avoir « une chance équitable pour un avenir résilient ».

L’argent lui-même n’est qu’une partie du puzzle. Le type de financement fourni est également critique. Oxfam a soutenu l’année dernière que 80 % du financement climatique des gouvernements riches était sous forme de prêts au lieu de subventions.

D’autres études ont montré qu’il y a un désir de financer des projets d’atténuation du climat comme l’énergie propre, qui peuvent apporter un retour sur investissement, et moins d’intérêt à financer des projets d’infrastructure pour aider les pays les plus pauvres à se protéger de l’impact du climat déjà changeant. Ces projets sont généralement les plus chers sans retour sur investissement clair.