(Portland) Des sécheresses qui font brunir et flétrir les feuilles avant qu’elles n’atteignent le summum de leurs couleurs. Des vagues de chaleur qui les font tomber avant même que l’automne arrive. Des tempêtes violentes qui dénudent complètement les arbres.

Les changements climatiques menacent le spectacle automnal des couleurs.

Typiquement, les feuilles commencent à changer de couleurs à la fin du mois de septembre. Mais cette année, plusieurs régions sont encore entièrement vertes. Dans le nord du Maine, où les feux d’artifice naturels devraient battre leur plein ces jours-ci, les responsables rapportaient mercredi moins de 70 % de changements de couleur.

L’impact nocif des changements climatiques sur le feuillage automnal dépend en partie de la biologie des plantes. Quand l’automne arrive, que le mercure tombe et que les journées raccourcissent, la chlorophylle dans les feuilles se dégrade et elles perdent leur couleur verte. Le vert est remplacé par le jaune, le rouge et l’orange qui font courir les foules.

Mais cela demande un équilibre fragile, prévient Paul Schaberg, du Service forestier américain. Le temps plus chaud à l’automne pourra vouloir dire que les feuilles resteront vertes plus longtemps et retarder l’apparition des couleurs automnales.

Pire encore, les étés secs pourront tellement stresser les arbres que les feuilles rateront carrément le changement de couleurs, a-t-il ajouté.

Si les changements climatiques entraînent une sécheresse importante, alors les arbres vont tout simplement perdre leurs feuilles. Des sécheresses graves signifient simplement que les arbres ne peuvent pas fonctionner, et ça n’améliore pas la couleur.

Paul Schaberg, du Service forestier américain.

Les changements climatiques pourraient aussi favoriser la propagation de maladies et d’insectes, ou encore pousser les forêts vers le nord.

Les couleurs automnales pourraient continuer à arriver de plus en plus tard, selon Jim Salge, du magazine Yankee.

« Selon mes observations, depuis dix ans il y a eu plus d’années qui ont été en retard que ce qu’on considérerait être les moyennes historiques », a-t-il dit.

L’impact économique pourrait être considérable. Les États de la Nouvelle-Angleterre calculent que la saison des couleurs génère des milliards de dollars en revenus.

Raison de plus pour protéger les forêts et réduire la consommation de combustibles fossiles, disent les environnementalistes. Les récentes saisons automnales ont été moins spectaculaires que d’habitude au Massachusetts, mais tout n’est pas perdu si on protège les forêts adéquatement, a dit Andy Finton, du groupe Nature Conservancy.

« Si on peut garder intactes les grosses forêts importantes, elles vont nous fournir ce dont nous avons besoin — de l’air propre, de l’eau propre, des forêts propres, et tout un spectacle à l’automne », a-t-il assuré.