Le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel Énergie Saguenay de GNL Québec est jugé négativement par les autorités fédérales, dans un rapport publié mercredi.

L’évaluation environnementale fédérale du projet se poursuit, même si Québec a annoncé son refus d’autoriser le projet.

« Le projet est susceptible d’entraîner des effets environnementaux négatifs importants directs et cumulatifs », estime l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AÉIC) dans la version provisoire de son rapport d’évaluation environnementale.

Ces impacts concernent les émissions de gaz à effet de serre (GES), les mammifères marins, incluant le béluga et le patrimoine culturel des Premières Nations innues, précise l’AÉIC.

L’Agence, qui « note l’opposition » des Premières Nations envers le projet, estime qu’il « est susceptible de causer des répercussions préjudiciables de gravité modérée à élevée » sur leurs droits.

Elle évoque leurs activités coutumières et les « effets directs et cumulatifs importants » sur le béluga, qui a une « haute importance culturelle », notamment pour les Innus Essipiunnuat et Pekuakamiulnuatsh.

Consultation publique

La publication de la version provisoire du rapport d’évaluation environnementale de l’AÉIC lance la dernière période de consultation publique sur le projet.

Jusqu’au 22 octobre, l’Agence invite le public à faire des commentaires en ligne sur son rapport et sur les conditions potentielles qui seraient imposées si le projet allait de l’avant.

Cette double évaluation du projet irrite Québec, qui a maintes fois rappelé son désir d’avoir une seule évaluation environnementale par projet.

« Le gouvernement du Québec a pris la décision de refuser le projet tel que déposé, nous n’avons pas eu besoin d’attendre l’évaluation du gouvernement fédéral pour prendre notre décision », a déclaré à La Presse le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements climatiques, Benoit Charette.

Une coalition d’organisations écologistes a par ailleurs dénoncé mercredi la poursuite de l’évaluation fédérale du projet Énergie Saguenay, accusant GNL Québec de « faire perdre son temps à tout le Québec en refusant de retirer son projet ».

Le rapport provisoire de l’AÉIC « confirme encore une fois les conclusions du BAPE, du MELCC [ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec] et des groupes environnementaux et citoyens sur les effets négatifs importants du projet », écrivent-elles dans un communiqué conjoint.

La Coalition Fjord, Greenpeace Canada, Nature Québec, Équiterre, Eau Secours, la SNAP Québec, et la Coalition anti-pipeline de Rouyn-Noranda « demandent à l’entreprise de lâcher le morceau une bonne fois pour toutes ».

GNL Québec n’a toutefois pas l’intention de jeter l’éponge ; l’entreprise dit au contraire poursuivre « le travail nécessaire visant à compléter son analyse quant au projet Énergie Saguenay », a déclaré à La Presse son porte-parole, Louis-Martin Leclerc.

Ce dernier n’a pas offert de commentaire sur le rapport de l’AÉIC, indiquant que « GNL Québec [en] prendra connaissance ».